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Crítica y Arte. Filosofía - Banco de Reservas

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EMILIO RODRígUEz DEMORIzI | pINtURA y ESCULtURA EN SANtO DOMINgO<br />

et nous laissait entrevoir <strong>de</strong> belles espérances lorsque le nègre Dessalines qui avait pris le<br />

titre d’empereur <strong>de</strong> haïti entra dans la partie espagnole pour en expulser une poignée <strong>de</strong><br />

français qui s’obstinaient à la conserver é la France. Il marcha sur Sto. Domingo avec quinze<br />

mille hommes; et malgré les efforts, j’ose dire héroïques <strong>de</strong> leur général et <strong>de</strong> six cents<br />

hommes qui composaient toute la garnison française, il n’eut pas manqué <strong>de</strong> s’en emparer<br />

sans l’apparition <strong>de</strong> l’amiral Missiessi avec six vaisseaux <strong>de</strong> lignes et quelques frégates.<br />

Dessalines considéra cette escadre comme l’avant-gar<strong>de</strong> d’une expédition dirigée contre la<br />

partie française <strong>de</strong> St. Domingue qu’il se hâta <strong>de</strong> rejoindre après avoir levé le siège <strong>de</strong> Sto<br />

Domingo avec précipitation. quoi qu’il en soit, à son approche mon beau père s’était estimé<br />

bien heureux dans le désastre qui nous menaçait, d’avoir pu faire rentrer son atelier dans<br />

les murs <strong>de</strong> la place qui nous servait <strong>de</strong> refuge; mais il avait abandonné seis plantations et<br />

Dessalines qui y avait établi son quartier général les avait dévastées, pendant le séjour qu’il<br />

y avait fait. Ce général noir acheva <strong>de</strong> consommer notre ruine lorsqu’en se retirant il mit le<br />

feu aux établissements dans lesquels il s’était logé.<br />

Echappés comme par miracle, à un événement qui après avoir si fortement atteint nos<br />

fortunes, menaçait aussi nos existences loin d’en éprouver du découragement nous pensâmes<br />

à réparer nos désastres. Confiants et laborieux, les malheureux colons se crurent pour bien<br />

longtemps à l’abri d’une nouvelle invasion. Ils se flattèrent que le gouvernement qui le leur<br />

avait promis, ne s’en tiendrait pas à la faible tentative, à laquelle ils venaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir leur<br />

salut; mais qu’il allait venir à leur secours d’une manière plus efficace. Ce fut alors qu’on pensa<br />

à utiliser la belle presqu’ile <strong>de</strong> Samaná dépendante <strong>de</strong> la partie espagnole <strong>de</strong> St Domingue.<br />

Son immense et magnifique baie si avantageusement située par rapport aux iles <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous<br />

le vent, et à la navigation du golfe du Mexique, pouvait offrir à la marine française un point<br />

<strong>de</strong> relâche et <strong>de</strong> ravitaillement bien important. Le commerce français pouvait y fon<strong>de</strong>r un<br />

entrepôt <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> son sol et <strong>de</strong> son industrie au moyen duquel il eut pu facilement se<br />

procurer <strong>de</strong>s débouchés immenses avec les iles <strong>de</strong> porto Rico, <strong>de</strong> Cuba et une gran<strong>de</strong> partie<br />

du continente <strong>de</strong> l’Amérique espagnole.<br />

Des considérations aussi puissantes déterminèrent le gouvernement à faire <strong>de</strong>s concessions<br />

dans cette presqu’ile, où par les proclamations les plus séduisantes il appelait <strong>de</strong>s cultivateurs,<br />

M. l’amiral Leisségue (aujourd’hui vice-amiral en retraite fixé à Paris) y fut envoyé par le Ministre<br />

<strong>de</strong> la Marine pour voir ce qu’il y aurait à faire dans l’intérêt <strong>de</strong> ce grand projet. Le général<br />

Ferrand reçut aussi l’ordre <strong>de</strong> s’y transporter; il se fit accompagner du colonel du génie Brou,<br />

et sur les lieux on fit le tracé d’une ville que l’on projetta d’y bâtir. On donna par un décret<br />

spécial, le titre <strong>de</strong> port <strong>de</strong> l’Empire à ce point important; Fon forma le projet d’y établir un grand<br />

arsenal, <strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong> construction, etc. Le général Ferrand lui-même y fit à grands frais<br />

un établissement considérable en culture. Cet heureux début, si propre à inspirer une haute<br />

confiance ne tarda pas à produire tout l’effet que l’on s’en était promis. Tous les fonctionnaires<br />

publics <strong>de</strong> St. Domingue qui avaient quelques moyens, tous ceux <strong>de</strong>s habitants refugies qui<br />

avaient sauvé quelques débris <strong>de</strong> leurs fortunes, s’empressèrent <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir concessionnaires.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s pareilles furent même adressées d’Europe au général Ferrand: Enfin<br />

tout semblait engager à prendre ce parti. Mon beau père et moi fûmes <strong>de</strong>s premiers à l’adopter,<br />

et au moyen d’une trentaine d’esclaves sauvés du <strong>de</strong>rnier naufrage, et <strong>de</strong> quelques secours<br />

que je me procurai facilement chez mes amis, nous pûmes bientôt parvenir à jetter les bases <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux nouvelles habitations que nous croyions <strong>de</strong>stinées a réparer nos pertes et à nous procurer<br />

enfin un bien être qui nous avait tant <strong>de</strong> fois échappé par <strong>de</strong>s catastrophes dont aucune pré<br />

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