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Les Mystères du bagne ou Blondel le condamné innocent - Manioc

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— 6 —<br />

<strong>du</strong> pays existerait, mais à moins de monter sur la cime des<br />

branches, personne n'en j<strong>ou</strong>irait. L'artiste, qui rêve en con­<br />

templant l'horizon, y perdrait <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> de sites enchan­<br />

teurs, et <strong>le</strong> paysan, qui n'est jamais absurde et faux dans<br />

son instinct, n'y aurait plus cette j<strong>ou</strong>issance de respirer et<br />

de voir, qu'il exprime en disant: C'est bien joli par ici, c'est<br />

bien clair, on voit loin.<br />

Voir loin, c'est la rêverie <strong>du</strong> paysan, c'est aussi cel<strong>le</strong> <strong>du</strong><br />

poëte. Le paysagiste aime mieux un coin bien composé que<br />

des lointains infinis. Il a raison p<strong>ou</strong>r son usage ; mais <strong>le</strong> rê­<br />

veur, qui n'est pas forcé de tra<strong>du</strong>ire la charme de sa con­<br />

templation, adorera t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ces vagues profondeurs des val­<br />

lées tranquil<strong>le</strong>s, où t<strong>ou</strong>t est uniforme, où aucun accident<br />

pittoresque ne dérange la placidité de son âme, où l'églogue<br />

éternel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> planer comme un refrain monotone qui ne<br />

finit jamais. L'idée <strong>du</strong> bonheur est là, sinon la réalité. P<strong>ou</strong>r<br />

moi, je l'av<strong>ou</strong>e, il n'est point d'amertumes que la vue de mon<br />

horizon natal n'ait endormies, et après avoir vu l'Italie. Ma­<br />

jorque et la Suisse, trois contrées au-dessus de t<strong>ou</strong>te descri­<br />

ption, je ne puis rêver p<strong>ou</strong>r mes vieux j<strong>ou</strong>rs qu'une chaumière<br />

un peu confortab<strong>le</strong> dans la Vallée-Noire.<br />

C'est un pays de petite propriété, et c'est à son morcel<strong>le</strong>­<br />

ment qu'il doit son harmonie. Le morcel<strong>le</strong>ment de la terre<br />

n'est pas mon idéal social ; mais, en attendant <strong>le</strong> règne de<br />

a Fraternité, qui n'aura pas de raisons p<strong>ou</strong>r abattre <strong>le</strong>s ar­<br />

bres et priver <strong>le</strong> sol de sa ver<strong>du</strong>re, j'aime mieux ces petits<br />

lots divisés où subsistent des famil<strong>le</strong>s indépendantes, que <strong>le</strong>s<br />

grandes terres où <strong>le</strong> cultivateur n'est pas chez lui, et où rien<br />

ne manque, si ce n'est l'homme.<br />

Dans une grande partie <strong>du</strong> Berry, dans la Brenne parti­<br />

culièrement, la terre est inculte <strong>ou</strong> abandonnée: la fièvre et<br />

la misère ont emporté la population. La solitude n'est inter­<br />

rompue que par des fermes et des châteaux, p<strong>ou</strong>r <strong>le</strong> service

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