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Les Mystères du bagne ou Blondel le condamné innocent - Manioc

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— 429 —<br />

Ils entrèrent ensuite dans la chapitre <strong>du</strong> <strong>bagne</strong> p<strong>ou</strong>r y faire<br />

une c<strong>ou</strong>rte prière, puis ils me saluèrent en me remerciant et<br />

se dirigèrent vers l'endroit où ils devaient tr<strong>ou</strong>ver la voiture qui<br />

<strong>le</strong>s ramènerait au village.<br />

Il est impossib<strong>le</strong> de lire ces lignes sans être profondément<br />

t<strong>ou</strong>ché: l'anecdote suivante est plus saisissante encore.<br />

Parmi <strong>le</strong>s <strong>ou</strong>vriers employés aux travaux <strong>du</strong> port de T<strong>ou</strong>lon<br />

se tr<strong>ou</strong>vait un Génois.<br />

Cet homme, comme <strong>du</strong> reste la plupart de ses compagnons,<br />

était j<strong>ou</strong>rnel<strong>le</strong>ment en contact avec <strong>le</strong>s forçats, et <strong>le</strong>ur triste<br />

position excitait profondément sa pitié.<br />

Un de ces malheureux, avec <strong>le</strong>quel il lui arrivait quelquefois<br />

de travail<strong>le</strong>r, avait principa<strong>le</strong>ment gagné son affection et sa<br />

commisération, il partageait avec lui <strong>le</strong>s vivres qu'il apportait<br />

<strong>du</strong> dehors et il lui avait s<strong>ou</strong>vent offert une gorgée de vin p<strong>ou</strong>r<br />

se rafraîchir.<br />

Chaque j<strong>ou</strong>r, au moment où, la j<strong>ou</strong>rnée finie, il se disposait<br />

à rentrer chez lui, il donnait au forçat <strong>le</strong> pain et <strong>le</strong>s antres<br />

aliments qu'il n'avait pas mangés et que celui-ci p<strong>ou</strong>vait aj<strong>ou</strong>ter<br />

à la s<strong>ou</strong>pe qui compose <strong>le</strong> s<strong>ou</strong>per des galériens.<br />

Le forçat tr<strong>ou</strong>vait dans cette affection une espèce de s<strong>ou</strong>lage-<br />

ment à sa misère;, <strong>le</strong>s heures lui paraissait moins longues quand<br />

je Génois travaillait près de lui et lui racontait ce qui .se passait<br />

au dehors <strong>ou</strong> bien encore lui parlait de ses propres affaires.<br />

Le Génois était père de famil<strong>le</strong>. Chaque année sa femme se<br />

rodait dans son pays p<strong>ou</strong>r quelques j<strong>ou</strong>rs et y portait <strong>le</strong>urs<br />

épargnes.<br />

Ce voyage avait ordinairement lieu au commencement de<br />

l'automne.<br />

Le Génois disait alors au forçat :<br />

— Ma femme est allée au pays.<br />

Cette année-là <strong>le</strong> galérien demanda à son ami si sa femme<br />

comptait bientôt se mettre en voyage, mais il apprit que cette,<br />

fois el<strong>le</strong> ne partirait pas.

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