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Les Mystères du bagne ou Blondel le condamné innocent - Manioc

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— 42 —<br />

Un jeune homme d'une vingtaine d'années, nommé Eugène<br />

Salviat, avait commis un assassinat dans un village peu éloigné<br />

de Saint-Georges; il avait pu se s<strong>ou</strong>straire aux recherches et<br />

à l'action de la justice et croyait avoir dét<strong>ou</strong>rné t<strong>ou</strong>s <strong>le</strong>s<br />

s<strong>ou</strong>pçons lorsque, une année environ après <strong>le</strong> crime, il fut<br />

arrêté, con<strong>du</strong>it en prison, jugé et <strong>condamné</strong> à vingt ans de<br />

galères; on <strong>le</strong> con<strong>du</strong>isit ensuite à Brest, où il devait subir sa<br />

peine.<br />

Le bruit se répandit bientôt que Eugène Salviat avait été<br />

arrêté par suite d'une dénonciation et que <strong>le</strong> délateur était<br />

un autre habitant de Saint-Georges, nommé Jean Maréchal,<br />

repris de justice, comme, <strong>du</strong> reste, presque t<strong>ou</strong>s <strong>le</strong>s hommes<br />

de la localité qui avaient atteint un certain âge.<br />

Quelque temps après, Jean Maréchal fut frappé d'un c<strong>ou</strong>p<br />

de c<strong>ou</strong>teau dans la poitrine; comme il était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sur ses<br />

gardes, il put parer <strong>le</strong> c<strong>ou</strong>p avec <strong>le</strong> bras et ainsi en amortir<br />

la vio<strong>le</strong>nce, de sorte que, au b<strong>ou</strong>t d'un mois, il était rétabli.<br />

Depuis ce moment, c'est-à-dire depuis une année environ,<br />

t<strong>ou</strong>te espèce de relation cessa entre <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s Maréchal et<br />

Salviat que, malgré t<strong>ou</strong>t, <strong>le</strong>s exigences de la vie avaient parfois<br />

rapprochées, et <strong>le</strong>s membres de ces deux famil<strong>le</strong>s ne<br />

s'aventurèrent plus dans <strong>le</strong> village que pendant <strong>le</strong> j<strong>ou</strong>r et bien<br />

armés.<br />

Par une ét<strong>ou</strong>ffante soirée <strong>du</strong> mois d'Août, une femme<br />

était assise dans une des plus misérab<strong>le</strong>s chaumières de<br />

Saint-Georges, et, ayant rep<strong>ou</strong>ssé son r<strong>ou</strong>et, el<strong>le</strong> faisait son<br />

repas <strong>du</strong> soir, qui se composait d'un morceau de pain noir<br />

et d'un oignon cru.<br />

Cette femme p<strong>ou</strong>vait être âgée d'une soixantaine d'années;<br />

la lumière r<strong>ou</strong>geâtre d'une lampe fumeuse éclairait son visage,<br />

dont la teinte bronzée et <strong>le</strong>s traits en<strong>du</strong>rcis exprimaient<br />

une volonté de fer et une résolution implacab<strong>le</strong>; ses s<strong>ou</strong>rcils<br />

gris et t<strong>ou</strong>ffus rec<strong>ou</strong>vraient deux petits yeux qui, enfoncés

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