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Les Mystères du bagne ou Blondel le condamné innocent - Manioc

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dans <strong>le</strong>urs orbites, avaient la mobilité, l'éclat métallique et<br />

félin de ceux d'un chat sauvage.<br />

Cette femme était Mathurine Salviat, la mère d'Eugène<br />

Salviat qui était alors au <strong>bagne</strong> de Brest; et c'était cette<br />

femme, l'opinion publique <strong>le</strong> disait, qui avait porté à Jean<br />

Maréchal <strong>le</strong> c<strong>ou</strong>p de c<strong>ou</strong>teau qui l'avait mis au lit pendant<br />

un mois.<br />

De temps en temps Mathurine cessait de manger, et d'un<br />

air sombre et menaçant murmurait quelques paro<strong>le</strong>s inintelligib<strong>le</strong>s.<br />

A la fin, el<strong>le</strong> appela à haute voix et d'un ton impatient :<br />

— Miche<strong>le</strong>tte !<br />

Une porte latéra<strong>le</strong> s'<strong>ou</strong>vrit immédiatement et donna passage<br />

à une jeune fil<strong>le</strong>.<br />

Miche<strong>le</strong>tte avait dix-sept ans, sa physionomie enfantine<br />

présentait <strong>le</strong> plus heureux mélange de grâce, de fraîcheur et<br />

de naïveté; ses grands yeux b<strong>le</strong>us et son front blanc et pur,<br />

encadré de grosses tresses blondes, offraient l'image de l'innocence<br />

la plus pure; cette apparition t<strong>ou</strong>te gracieuse captivait<br />

<strong>le</strong> regard, qui ne p<strong>ou</strong>vait s'en détacher, et on <strong>ou</strong>bliait à sa<br />

vue <strong>le</strong>s haillons qui lui servaient de vêtements.<br />

Mathurine la considéra un instant en si<strong>le</strong>nce; il eût été<br />

bien diffici<strong>le</strong> de lire sur <strong>le</strong>s traits de la vieil<strong>le</strong> femme quels<br />

étaient <strong>le</strong>s sentiments qui l'animaient.<br />

— Miche<strong>le</strong>tte! fit-el<strong>le</strong>, au b<strong>ou</strong>t d'un moment, d'une voix<br />

basse et haineuse en lui montrant <strong>le</strong> c<strong>ou</strong>teau dont el<strong>le</strong> venait<br />

de se servir p<strong>ou</strong>r c<strong>ou</strong>per son pain; vois-tu ce c<strong>ou</strong>teau?<br />

La jeune fil<strong>le</strong> jeta un regard sur <strong>le</strong> c<strong>ou</strong>teau que sa mère<br />

lui montrait et sentit un frémissement de terreur la parc<strong>ou</strong>rir<br />

de la tête aux pieds.<br />

— Tu vois ce c<strong>ou</strong>teau ! répéta Mathurine; maintenant<br />

éc<strong>ou</strong>te bien ce que je vais te dire. On m'a rapporté que l'on<br />

t'avait vue par<strong>le</strong>r un soir avec Joseph Maréchal, <strong>le</strong> fils de ce<br />

misérab<strong>le</strong> qui a ven<strong>du</strong> ton frère. Je ne te demande pas si cela est

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