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Les Mystères du bagne ou Blondel le condamné innocent - Manioc

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— 10 —<br />

force à l'hospitalité, à la tolérance, à l'obligeance, au dév<strong>ou</strong>e­<br />

ment; t<strong>ou</strong>tes vertus que v<strong>ou</strong>s perdez dans la solitude; <strong>ou</strong> dans<br />

la fréquentation exclusive de ceux qui n'ont jamais besoin de<br />

rien. Lui, il a besoin de t<strong>ou</strong>t; il <strong>le</strong> demande. Donnez-<strong>le</strong> lui,<br />

<strong>ou</strong> il <strong>le</strong> prendra. Si v<strong>ou</strong>s lui faites la guerre, v<strong>ou</strong>s serez<br />

vaincu; si v<strong>ou</strong>s cédez, il n'abusera point trop, et il v<strong>ou</strong>s <strong>le</strong><br />

rendra en services d'une autre nature, mais indispensab<strong>le</strong>s.<br />

Cet échange, où v<strong>ou</strong>s auriez tant de frais à faire, v<strong>ou</strong>s parait<br />

<strong>du</strong>r? Il est plus <strong>du</strong>r de n'être pas aimé (lors même qu'on <strong>le</strong><br />

mérite), faute d'être connu. Il est plus <strong>du</strong>r de ne pas se rendre<br />

uti<strong>le</strong>, et de ne pas faire d'heureux dans la crainte de faire<br />

des ingrats. Il est plus <strong>du</strong>r d'avoir à payer que d'avoir à donner,<br />

Je v<strong>ou</strong>s en réponds, je v<strong>ou</strong>s en donne ma paro<strong>le</strong> d'honneur.<br />

L'homme qui n'a pas quelque chose à s<strong>ou</strong>ffrir de ses sem­<br />

blab<strong>le</strong>s s<strong>ou</strong>ffrira bien davantage d'être privé de <strong>le</strong>ur commerce<br />

et de <strong>le</strong>ur sympathie. Si j'avais beauc<strong>ou</strong>p de terres, et point<br />

de voisin, je donnerais des terres aux mendiants, afin d'avoir<br />

<strong>le</strong>ur voisinage, et afin de p<strong>ou</strong>voir causer de temps à temps<br />

avec des hommes libres. Je <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ur donnerais sans v<strong>ou</strong>loir<br />

qu'il fussent reconnaissants.<br />

II.<br />

Quel contraste entre ces pays à habitudes féoda<strong>le</strong>s et la<br />

partie <strong>du</strong> Berry que j'ai baptisée Vallée-Noire! Chez n<strong>ou</strong>s<br />

presque pas de châteaux, beauc<strong>ou</strong>p de forteresses seigneuria<strong>le</strong>s,<br />

mais en ruines, <strong>ou</strong>vertes à t<strong>ou</strong>s <strong>le</strong> vents, et servant d'étab<strong>le</strong>s<br />

aux métayers, <strong>ou</strong> de pâturages aux chèvres ins<strong>ou</strong>ciantes. Comme<br />

on ne replâtre pas chez n<strong>ou</strong>s la féodalité, <strong>le</strong>s murs envahis<br />

par <strong>le</strong> lierre et <strong>le</strong>s t<strong>ou</strong>rs noircies par <strong>le</strong> temps n'attirent pas<br />

de loin <strong>le</strong>s regards. C'est t<strong>ou</strong>t au plus si un rayon <strong>du</strong> c<strong>ou</strong>­<br />

chant v<strong>ou</strong>s <strong>le</strong>s fait distinguer un instant dans <strong>le</strong> paysage.

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