PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

annees suivantes, le P.R.P. s'efforce d'assouplir son action en democratisantses structures (election des principaux responsables au lieu de la designationpar le president du Parti, role plus important donne aux sectionslocales, Maisons du Peuple consacrees desormais â des tâches culturelleset non plus â des relais politiques) ce qui lui permet de gagner quelqueaudience dans le pays. Durant la meme periode, le Parti Democrate, dontla ligne politique est encore trop floue, connaît des oppositions internesdues aux partisans d'un conservatisme affirme qui finalement quittent leP.D. et fondent le Parti de la Nation dont l'une des figures les plus marquantesest le marechal Fevzi Çakmak, brillant acteur de la Guerre d'Independance.Les dirigeants du Parti Democrate mettent alors au point unprogramme liberal largement diffuse dans toute la Turquie â l'occasionde la campagne pour les elections prevues en mai 1950: suppression desmonopoles d'Etat, liberte d'action et soutien aux entreprises privees, diminutiondes impöts, budget equilibre, aide aux agriculteurs, pouvoir judiciaireplus affirme et independant du gouvernement, toutes propositionseloignees des principes du kemalisme. Le P.D. est concurrence sur sadroite par le Parti de la Nation qui pröne un liberalisme encore plus accentueet surtout des mesures caracteristiques en faveur de la pratique religieuse.La campagne electorale de 1950, que j'ai suivie avec attention, s'estderoulee dans un climat exceptionnel de participation. d'enthousiasme etl'on sentait vraiment qu'un vent de democratie soufflait alors sur la Turquie:de fait, il y eut 90 % de votants. Me trouvant la veille du scrutin, le13 mai, dans le bureau du Consul General de France â istanbul, Louis Lagarde,fin connaisseur du Proche Orient et surtout de la Turquie, celui-cim'a annonce pour le lendemain un bouleversement complet de la situationpolitique du pays, avec une imposante majorite pour le P.D. Effectivement,le resultat fut, pour beaucoup, une enorme surprise: le P.D. remportait420 sieges, le P.R.P. 63 et le Parti de la Nation 1. C'etait uneveritable revolution, et İsmet İnönü accepta sans reticence le changementöpere, estimant que, depuis 72 ans, la Turquie avait pas â pas fait l'apprentissagede la democratie, meme durant la periode de gouvernementautoritaire d'Atatürk, car celui-ci avait petit â petit introduit chez lesTurcs une education politique qui se manifestait desormais au grand jour.İsmet İnönü abandonna done la presidence de la Republique et â sa placeacceda Djelâl Bayar, tandis qu' Adnan Menderes devenait premier ministreet Mehmed Fuad Köprülü ministre des Affaires Etrangeres.A ce point de la situation, on pourrait avancer que le regime politiqueinstitue par Mustafa Kemal avait vecu, ne correspondant plus aux aspirationsdes Turcs, lasses par un gouvernement autoritaire sur lequel ilsn'avaient pas prise (et l'echec anterieur du parti liberal de Fethi Okyaretait la pour le prouver), ecrases par une machine economique dirigee direetementpar les plus hautes instances politiques, meme si les ressources390