PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

sion d'une certaine nostalgie, car la population algerienne n'a vait pasd'autre espoir, sinon l'attachement aux symboles. C'est pourquoi, "lesportraits de Mehmet V, le Sultan-Calife sont accroches dans les moindresbourgades" 18 . Ce mouvement s'amplifıe avec le temps pour atteindre sonapogee avec la premiere guerre mondiale. "La turcophilie, ecrit MahfoudSmati, devient une sorte d'id£ologie en Algerie" 19 et touche toutes lescouches de la population, sans qu'elle ait pour autant une seule et memesignification pour tous. Raisons religieuses et raisons politiques se melentpour les uns mais non pour d'autres. Neanmoins, pour tous, elle exprimeune appartenance identitaire et une personnalite distinctes de celle du colonisateur20 , tant et si bien que pour certains observateurs, la turcophiliedes Algeriens "est un phenomene social total qui explique tous les mouvementsqui agitent la societe algerienne. La confıance que les indigenesde l'Algerie font â la Sublime Porte est l'une des causes principales del'opposition que nous rencontrons dans leurs âmes" ecrivait l'un d'eux 21 .Le jugement est certainement exagere, mais il montre bien le profond attachementdes Algeriens aux Ottomans, attachement d'ailleurs entretenupar la presence dans l'Empire d'emigres algeriens (dont le nombre augmentesensiblement au debut du XXe siecle) et qui occupent parfois dehautes fonctions dans l'Administration et dans l'armee ottomanes. Certainsd'entre eux s'engagent dans la vie politique de l'Empire, notammentau moment oü les Jeunes Turcs arrivent au pouvoir 22 , d'autres exercentdes metiers qualifies comme ingenieurs, medecins, ete... 23 .II est done evident que cette situation n'etait pas seulement due â unequelconque sympathie entre les deux nations. Elle concretisait, en quelquesorte, une forme de fîdelite au passe tant lointain que plus recent. IIlies..." (p.25) et qu"' en octobre 1918, la capitulation de la Turquie les bouleverse..."(p.29) in Jacques Simon, Messali Hadj (1898-1974), ed. Tiresias, Paris, 1998.18. B. Stora, Histoire..., op. cit., p.43.19. M. Smati, Les elites..., op. cit., p.258.20. A. Merad, La turcophilie..., art. pr6cite, p.21. J. Desparmet, La turcophilie en Algerie, in Bulletin de la Societe de geographied'Alger et de l'Afrique du Nord, 2b partie, XXIIâ annee, 1917, çite par M. Smati, Leselites..., op. cit., p.259.22. Si l'on se limite aux seuls enfants de TEmir Abdelkader, l'aîne, Mohammed, devientsenateur de l'Empire (il meurt en 1913), le second, Mohieddine, fıx6 â Constantinople,est nomme gdneral de division â titre honorifıque et aide de camp du Sultan, seralui aussi membre du Senat. Abdelmalek fait carriere dans l'armee ottomane et atteintle grade de lieutenant-colonel avec le titre d'aide de camp du Sultan. Le sixieme enfantd'Abdelkader (qui epouse la soeur de izzet Pacha, chambellan et favori du SultanAbdulhamid) devient, sous le gouvernement des Jeunes Turcs, President du ComiteUnion et Progres de Damas et est meme charge par la Porte d'organiser la resistancecontre les Italiens en Tripolitaine. II devient en 1913 depute et vice-president de lanouvelle Assemble â Constantinople.23. Revue du Monde Musulman, n°5, juin-juillet 1907, in M. Smati, Les elites..., op. cit.,p, 257. Notons, par exemple, que parmi les tous premiers professeurs nommes âl'Ecole Superieure de la Marine, fondee dans les annees 1870, il y avait un Algerien"qui connaissait des langues europeennes" (A. Hourani, Al Fikr al'arabî fi 'Aşr al-Nahda. 1798-1939. Trad. arabe Karim 'Azkîl. Ed. Diyâr al-Nahâr li-nasr. Beyrouth,2e6d„ 1977, p.61.436