PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

permettait aux Alg6riens de compenser, d'une part l'absence d'un lienrompu avec un pays qui "incarnait au plus haut point les forces d'Orient" 5et d'affırmer, d'autre part une identite que les conquerants français souhaitaient,sinon faire totalement disparaître, du moins alterer ou fortementattenuer 6 . C'etait done une forme dereaction que les Algeriens opposaientâ la logique de rupture initiee, des le debut de l'occupation, par les autoritescoloniales qui avaient ordonne, par exemple, de faire disparaître lesinvocations contenues dans la priere du vendredi afin que le nom du Sultanne soit plus çite 7 et qui avaient tout mis en ceuvre pour couper les liensunissant l'Algerie â un ensemble socioculturel auquel elle appartenait depuisplus d'un millenaire. Or, c'est un lieu commun que d'affırmer que"les memes liens spirituels et temporels unissaient la population de la Regenced'Alger... â celle du bassin oriental de la Meditterranee. Hommes,idees, biens circulaient d'une extremite â l'autre du monde musulman enun courant continu, malgre l'eloignement, la precarite et les difficultesdes voyages et la lenteur des moyens de transport" 8 . Meme les crises 9 etparfois "un fort sentiment anti turc... notamment dans les tribus" 10 , ne pucettetureophilie, voir Ali Merad, La tureophilie dans le debat national en Algerie audebut du siecle (1911-1918), in Revue d'Histoire Maghrebine, n° 31-32, decembre1983, Tunis, p.387 et suiv.5. Jean Paul Roux, L'Islam en Occident, Ed. Payot, Paris, 1959, p. 12.6. Marcel Morand, Etudes de droit musulman algerien, Ed. A. Jourdan, Alger, 1910,p.101; P. Lucas et J.C. Vatin, L'Algerie des anthropologeus, Ed. F. Maspero, Paris,1975, p.38.7. C'est le g6neral de Bourmont (1773-1846) qui etait Ministre de la Guerre en 1829 etqui avait envahi Alger en 1830, qui est â Toriğine de cette mesure. Voir Jean Serres,La politique turque en Afrique du Nord sous la Monarchie de Juillet. Ed. Librairieorientale P. Geuthner, Paris, 1925, p.43. En agissant ainsi, l'autorite coloniale detruisaitaussi les symboles "d'un empire qui etait l'une des plus vastes struetures politiquesqu'eût connue la partie occidentale du monde depuis la desintegration de l'empireromain" (Albert Hourany, A History of the the Arab Peoples, ed. Faber andFaber Ltd. Londres, 1991. Trad. française par Paul Chemla, Histoire des peuples arabes,ed. du Seuil, Paris, 1993, p. 289).8. Pierre Bardin, Algeriens et Tunisiens dans l'Empire ottoman de 1848 â 1914. Ed. duC.N.R.S., Paris, 1979, p.l.9. II est vrai que le rattaehement de l'Algerie â l'empire ottoman ne s'est pas fait sansdiffıculte. "Le gouvernement de l'Algerie, ecrit l'historien turc Emin Oktay, n'echutâ Hızır Reis apres la mort de Baba Oruç et de son frere İshak Reis qu'apres une bataillecontre les Arabes ındigenes (Yerli araplar)". Voir Emin Oktay, Tarih. Lise III,İstanbul, Atlas Kitabevi, 1983, p.99.10. Benjamin Stora, Histoire de l'Algerie coloniale 1830-1954. Ed. Enal-Rahma, Alger,1996, p. 12. Ces crises sont parfois la consequence de l'abus d'autorite de certainsBeys, surtout dans le Constantinois pendant tout le premier tiers du XIXe siecle, maissont liees aussi aux difficultes economiques et financieres que connaissait la Regence(Voir Mahfoud Smati, Formation de la nation algârienne. Ed. Zaiacha, Alger (s.d.),p.90.) Uya lieu de noter aussi l'hostilite envers les Turcs de certains "marabouts" etautres "mystiques" (Voir Kamel Filali, Sainteti maraboutique et mysticisme. Contributionâ l'itude du mouvement maraboutique en Algerie sous la domination ottomane.These, faculte des Sciences historiques de l'universite de Strasbourg, 1995). Maisil faut souligner neanmoins que "les cheikhs de confreries ou de confederations religieusesfurent longtemps les instruments les plus effıcaces de la caste militaireturque" qui trouva appui egalement au niveau de certaines tribus comme les434