PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

journaux les exactions des Français contre les Algeriens 29 et de repondre âcertains articles de la presse française, notamment lorsqu'elle pretendaitdefendre les droits des Algeriens etablis en Turquie, mais en fait avecl'intention de contrecarrer la politique d'ottomanisation menee par le SultanAbdulhamid 30 . Ainsi, le peuple turc manifestait egalement sa sympathieet sa solidarite avec la resistance organisee par l'Emir Abdelkader,meme si elle apparaissaît sous une forme quelque peu pittoresque parfoismais qui ne manquait pas de surprendre les etrangers 31 .C'est dans cette ambiance, qui caracterisait tant le debut du vingtiemesiecle, qu'apparaissent trois personnages aux origines et aux parcoursdifferents mais qui, en fait, se completent dans la mesure oü ils etaient representatifsdes differentes composantes de la population et oü chacund'eux cristallisait et exprimait ses aspirations. "...Ferhat Abbas, exemplede l'evolue, instruit dans le tradition française,.. symbole... de l'emergencede la mobilite sociale des elites et des notables: intellectuel lucide.. ilpreche la conciliation et la synthese...; Abdelhamid Ben Badis, figüre emblematique...de l'Islam algerien, ... pere du personnalisme musulman algerien...,et Messali Hadj, autodidacte, parti de l'immigration..., expressionplebeienne du declassement social de la societe algerienne" 32 . Bienqu'issus de milieux differents et ayant suivi des parcours, dont le moinsqui puisse etre dit est qu'ils ne sont pas toujours convergents parce que nepartageant pas une meme ideologie ou n'ayant pas toujours une meme apprehensiondes problemes de la societe, les trois hommes representaientbien une epoque et partageaient avec la population algerienne ce sentimentde tureophilie plus haut decrit et notamment la meme admirationpour Mustafa Kemal Atatürk, non seulement pour le soldat nationalistequ'il etait mais aussi pour l'homme politique qui se revelera par la süiteet qui permettra â la Turquie de sauvegarder son independance et d'entrerde plain-pied dans le XXeme siecle. Cette attitude commune aux trois29. A tel point que parfois l'Ambassade de France dans la capitale ottomane intervenaitpour faire moderer les critiques lancees contre la politique française au Maghreb parcertains journaux turcs (P. Bardin, op. cit., p.l 16).30. C'est ainsi, par exemple, que repondant â un article du journal Le Temps (du 10 septembre1910), le journal Le Jeune Turc (du 14 septembre 1910) retorque: "avant depretendre vous occuper en Turquie des Algeriens qui fuient votre joug, pensez done âleur accorder ehez eux les libertes qui leur reviennent" (P. Bardin, Algeriens et Tunisiens...,op. cit., p. 197).31. C'est ainsi, par exemple, que dans un des marehes de Ramadan (sergi), en l'occurrencecelui qui se tenait dans la cour de la mosquee de Beyazid, les passants pouvaientvoir "de mauvaises lithographies relatives â la conquete de l'Algerie: elles representaientdes Arabes tranehant la tete d'un general français, et des lanciers français sevengeant sur les partisans d'Abdelkader" in Charles White, Three years in Constantinopleor domestic manners of the Turks in 1844. Londres, 1845, p.209, çite par FrançoisGeorgeons, Le Ramadan a İstanbul. De l'Empire â la Republique, in Vivre dansl'Empire ottoman. Sociabilites et relations intereommunautaires (XVIIIe-XlXe siecles),L'Harmattan, 1997, p.59.32. Benjamin Stora et Zakya Daoud, Ferhat Abbas. Une autre Algerie. Casbah ed. Alger,1995, p. 100.438