PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

teur central des evenements du moment, que l'Algerie, parce que faisantpartie du monde arabe et ayant egalement fait partie de l'empire ottoman.L'Algerie, dejâ victime du partage en cours, ne peut done rester insensibleâ ce qui se passe plus specialement en Turquie, pour les raisons dejâevoquees et parce que c'est le pays en qui certains ont pendant longtempsespere une intervention salvatrice. C'est pourquoi il n'est pas surprenantd'observer, tant au niveau de la societe en general qu'au niveau de l'elite,que les evenements qui se deroulent dans ce pays sont suivis avec attentionet sont commentes meme au cours des reunions familiales 35 . Ainsi,en 1911, la conquete de la Tripolitaine turque par l'Italie inquiete les Algeriens,tout comme d'une maniere plus generale "ils s'inquietent desfaits qui se deroulent dans l'Empire ottoman, menace de demembrementpar les Allies" 36 , et les defaites de la Turquie sont vecues comme des catastrophes37 . Toute la societe algerienne vit au rythme d'Istanbul et lorsqueles troupes turques sont enfin victorieuses, c'est toute la jeunesse algeriennedes annees vingt qui vibre 38 comme lors de "l'evacuation de Constantinopleen 1922 qui est saluee par des explosions de joie et oü les etudiantsdes medersas manifestent en affichant les portraits de MustafaKemal" 39 . Beaucoup plus qu'un heros, Mustafa Kemal apparaissait donecomme un nouveau symbole de la liberte et de 1'independance. L'eloignementphysique entre les deux pays n'interdisait pas pour autant un engouementsentimental que l'histoire explique en partie, et n'empechaitpas non plus une circulation des informations, et par lâ meme des idees,meme si "apres la premiere guerre mondiale, les nouvelles sont lentes âtransmettre" 40 . En realite, les hommes se deplaçaient plus ou moins facilementet les journaux edites en Orient etaient lus en Algerie malgre lecontröle de 1'administration coloniale.35. Jacques Simon, Messali Hadj (1898-1974), la passion de l'Algerie libre. Ed. Tiserias,Paris, 1998, p.29.36. J. Simon, Messali Hadj..., p.25.37. J. Simon, Messali Hadj.., p.29. C'est notamment la cas lors de l'occupation de Constantinopleau cours de la fin de l'annee 1918 et surtout lorsque le general Franchetd'Esperay, qui prend le commandement de 1'Armee d'Orient en fevrier 1919, se rendâ l'Ambassade de France sur un cheval blanc offert par un Grec, rappel quelque peuvengeur des evenements survenus en 1453 dans cette ville (Jean Bernachot, Les armeesalliees en Orient apres l'armistice de 1918, 4 vol., 1972-1978, tome II, p.12).Cet evenement est apprehende avec une sensibilite accrue par les Algeriens, d'autantque ce general est Français, done soldat du pays colonisateur, et est ne â Mostaganem,une ville situee sur la cote ouest de l'Algerie, done representant de cette colonisation.38. J. Simon, Messali Hadj..., p.33.39. B. Stora et Z. Daoud, Ferhat Abbas. Une autre Algerie. Casbah ed., Alger 1995,p.35. A l'occasion de cet evenement, Ferhat Abbas, dan un article date de novembre1922, paru dans le journal constantinois Le Trait d'Union, ecrit "...en effet, nos elusse f61iciterent de la victoire du peuple turc -dont le seul erime est d'etre musulman-,victoire obtenue au prix de combien de sacrifıces contre la cupidite du capitalismeeuropeen, celui de la France, helas! en bonne place" (çite in A. Merad, Le reformisme...,op. cit., p. 50).40. G. Khoury, Le demembrement..., article precite, p.9.440