PDF Dosyası - Ankara Üniversitesi Kitaplar Veritabanı

tions hegemoniques de la religion 79 . Messali Hadj, plus â gauche, ne peutreflechir differemment.Abdelhamid Ben Badis, au contraire, bien qu'il aspire â la moderniteet adhere au modele republicain quant â l'organisation institutionnelle dela societe, n'admet pas pour autant tous ses fondements philosophiques,parmi lesquels la lai'cite. Pour Ben Badis, celle-ci ne peut mener qu'â laperte des valeurs religieuses et morales. Or en tant que defenseur desprincipes enseignes par l'Islam, il ne peut pas prendre la responsabilited'encourager ses coreligionnaires sur cette voie. Pour lui, comme pourbeacoup de Musulmans, la lai'cite est l'instrument utilise par l'Occidentpour mettre en peril toute la Communaute. Cette ideologie nee de la Revolutionfrançaise (pays colonisateur), est done d'autant plus dangereusequ'elle vient d'un monde conquerant et qu'elle est seduisante de par sanouveaute, meme si elle semble ne favoriser aucune des religionsconnues. C'est son attrait qui la rend d'autant plus sournoise qu'elle estsouvent presentee comme le secret du succes de l'Europe 80 .Mais le realisme du reformiste constantinois lui permet neanmoinsde ne pas tomber dans l'erreur de defendre ce qui n'a qu'une valeur symboliqueet c'est pourquoi sur la question du Califat, Ben Badis rejointcontre tout attente, le point de vue d'Atatürk 81 et va ainsi s'opposer ouver-79. B. Stora et Z. Daoud, Ferhat Abbas..., op. cit., p.57. En Turquie, â l'epoque, et memepour les responsables du Parti, comme le Secretaire general Recep Peker, "la lai'citene signifie absolument pas l'absence de religion, ou la volonte de son absence. EnTurquie, l'exercice du culte, ainsi que chacun le souhaite, est garanti par la Constitution.Un citoyen qui est religieux par conviction personnelle, peut tres bien malgre safidelite â sa conscience, etre sincerement laîque" (G. Groc, art. precite, p. 319). Cettepresentation de la lai'cite en Turquie a ete resumee par la formüle suivante "La Turquiekemaliste est devenue une societe non religieuse mais pas areligieuse" (E.B.Şapolyo, Ziya Gökalp, İttihad ve Teraki ve Meşrutiyet Tarihi, İstanbul, 1943. Voiregalement, G. Jaeschke, Der islam in der neuen Türkei, in Die Welt des islam, NS,Leiden, 1951, p. 149).80. Bernard Lewis, Comment L'Islam a decouvert l'Europe, ed. La Decouverte, Paris,1984, p.184-186. Les Français sont specialement vises dans la mesure oü il s'agit deleur Revolution et qu'ils colonisent des pays musulmans. Bernard Levvis çited'ailleurs un passage d'un ouvrage turc qui montre bien l'etat d'esprit dominant aucours des XVIIIe et XIXe siecles dans l'Empire ottoman "...apres avoir fait des ravagesen Europe, les Français portent leur regard vers l'Orient. Leur iniquite et leurscomplots se retournerent alors contre la Communaute de Mohammed" (E. Z. Karal,Fransa-Mtsır ve Osmanlı İmparatorluğu (1797-1902), İstanbul, 1938, p.108).81. Sur chacun des reproches faits â Mustafa Kemal, Ibn Badis donne son avis (sur le Califatqu'il considere comme devenu fantomatique et docile aux influences etrangeres;sur la traduetion du Coran en turc, il y voit un bienfait pour "la noble et glorieuse nationturque"; sur les 'Ulemas et les ordres religieux, il donne raison â Atatürk d'avoirabaisse le elerge et les organisations maraboutiques; et sur l'abolition de la legislationottomane, il declare qu'elle ne refletait que la jurisprudence hanefıte "qui est loin derepondre aux besoins d'aucune nation de la terre, â toutes las epoques") (A. Merad,Le reformisme..., op. cit., p. 374). On remarquera la tolerance d'Ibn Badis par rapportâ la rigidite de Rachid Rida sur la question de la traduetion du Coran (A. Merad, Lereformisme..., op. cit., p. 374; J. Jomier, Le commentaire coranique du Manar, Paris,1954, p. 338.451