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constitutives d’un espace spécifiquement chrétien » 320 tout en renforçant son autorité
institutionnelle. Observer la formation de l’empire des Plantagenêt au travers d’un tel
processus vise donc à proposer une relecture du processus de formation des monarchies
féodales en changeant l’échelle de l’analyse historique et en s’inspirant de l’apport des
problématiques posées par la mondialisation et les recompositions territoriales qu’elle
engendre 321 .
Le dernier point qui fait problème, pour certains historiens, quant à l’usage du
terme empire appliqué à l’espace des Plantagenêt, est que la charge signifiante du
concept actuel tend à occulter le sens qu’empire avait au Moyen Âge. Si la re-
sémantisation du terme selon les acceptions du XII e siècle apparaît donc comme une
étape nécessaire, la démarche consistant à affirmer que les quelques « occurrences du
vocabulaire autorisent bel et bien le chercheur médiévistes à employer l’expression
‘Empire Plantagenêt’ ou ‘Empire angevin’ » 322 apparaît pour le moins paradoxale
puisque ce qui frappe c’est, au contraire, l’absence flagrante au XII e siècle du terme
imperium pour désigner explicitement et non métaphoriquement, l’ensemble des
territoires rassemblées sous l’autorité de ces princes. Tout au long de la période la
titulature des Plantagenêt reste une énumération de leurs possessions : Rex Anglorum,
dux Normannorum et Aquitanorum, comes Andegavorum, puis après 1199 dominus
Hybernie. Moins que son usage, n’est-ce donc pas plutôt l’évolution sémantique du
vocable d’imperium au cours de la seconde moitié du XII e siècle, qui pourrait, dans ce
sens, justifier un tel emploi ?
3.1.3- L’imperium Plantagenêt : une souveraineté territoriale ?
Si le terme imperium n’apparaît dans aucune des chartes authentiques des
Plantagenêt, il est toutefois parfois utilisé par les contemporains d’Henri II pour
désigner l’autorité supérieure dont il disposait sur l’extension de ses territoires 323 . C’est
le sens que lui donne Richard FitzNigel, dans son Dialogue de l’Échiquier, lorsqu’il
compare Henri II à Mécénas, « ‘issu des anciens rois’, il a dilaté son empire sur une
320
IOGNA-PRAT, D., La maison Dieu, 2006, p. 479.
321
SCHAUB, J. F., « La catégorie « études coloniales » est-elle indispensable ? », Annales. Histoire
Sciences Sociales, 63: 3 (2008), p. 625-646.
322
AURELL, M., L'empire des Plantagenêt : 1154-1224, 2004, p. 10.
323
VINCENT, N., « Regional variations in the Charters of King Henry II (1154-89) », dans Charters and
charter scholarship in Britain and Ireland, 2005, p. 70-119 remarque que le mot apparaît uniquement
dans les chartes frauduleuses attribuées à l’ordre de Grandmont (voir chapitre 2).
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