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l’occident féodal 375 . Les justifications alléguées – limites floues, mouvantes et<br />

complexes qui se soumettent mal au simple trait de crayon – révèlent le manque de<br />

réelle réflexion sur l’espace et sa représentation féodale. Cependant, pour Patrick<br />

Boucheron, si la cartographie médiévale est restée un impensé de la recherche<br />

historique en France, les raisons en sont moins conceptuelles ou techniques, que celles<br />

d’un refus de figurer l’espace d’un système social où l’autorité publique s’était<br />

absentée : « dans la mémoire française, il n’y a pas de territoire sans roi, pas de cartes<br />

sans État » 376 . Et Mireille Mousnier d’ajouter « notre vision de la géographie<br />

administrative et historique est conditionnée par des siècles de cartographie où la<br />

linéarité des contours relève du dogme quand elle est appliquée à l’ensemble pour la<br />

période médiévale » 377 .<br />

Alors que la plupart des cartes présentent toujours un défaut d’historisation et de<br />

réflexion sur la nature de l’espace féodal, l’essor de la géomatique, en tant que science<br />

de la conception, réalisation et utilisation des bases de données géographiques, <strong>of</strong>fre<br />

pourtant depuis plusieurs années des outils de plus en plus perfectionnés pour penser<br />

l’espace et représenter en deux dimensions le territoire médiéval. Désormais, la carte ne<br />

vise plus seulement à localiser, c'est-à-dire à définir la position et la situation d’un lieu<br />

(carte de distribution) ou à représenter la manière dont l’espace est partagé (carte de<br />

répartition), mais devient une véritable méta-source, un instrument de recherche et<br />

d’analyse spatiale 378 . Les réflexions sur le rôle de la cartographie et sa capacité à<br />

dessiner les nouvelles territorialités ouvrent ainsi de nouvelles pistes pour repenser la<br />

représentation cartographiée de l’espace féodal 379 . Mireille Mousnier insistait en 2004<br />

notamment sur l’intérêt de la chorématique de Roger Brunet, pour représenter l’espace à<br />

partir de modèles géométriques résultant d’une démarche d’abstraction. Si les critiques<br />

sur la dérive de cette démarche vers un discours sur les « lois de l’espace », qui enferme<br />

les possibles dans un schéma prédéfini, ne sont pas injustifiées, son intérêt pour la<br />

cartographie médiévale n’a pas pourtant disparu 380 . Il tient principalement au fait que la<br />

chorématique répond mieux que la cartographie classique aux préoccupations sur la<br />

375<br />

BOUCHERON, P., « Représenter l'espace féodal : un défi à relever », Espaces Temps.<br />

Histoire/Géographie, 2. Les promesses du désordre, 68-69-70 (1998), p. 59-66.<br />

376<br />

Ibid., p. 61.<br />

377<br />

MOUSNIER, M., « Quand la carte interroge le territoire », dans Les territoires du médiéviste, 2005,<br />

p. 417-437.<br />

378<br />

Ibid.<br />

379<br />

DEBARBIEUX, B. et VANIER, M. (eds.), Ces territorialités qui se dessinent, 2002.<br />

380<br />

LACOSTE, Y., « Entretien avec Georges Duby », Hérodote. Géographie historique, 74/75 (1994), p.<br />

7-13; GRATALOUP, C., Lieux d'histoire. Essai de géohistoire systématique, 1996.<br />

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