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Changer d’échelle : l’analyse macro-spatiale et la question de l’empire
Les études sur l’espace et le territoire au Moyen Âge se sont jusqu’à présent
concentrées autour des lieux (la cité, le village, les lieux sacrés, etc.), et plus récemment
autour du diocèse, comme territoire 277 . Or, changer d’échelle permet de saisir le
fonctionnement multipolaire de l’espace féodal, comme le montrent les travaux sur la
notion de « capitalité », par exemple, qui permet de fractionner la notion de capitale,
forgée sur le modèle étatique et de questionner la dispersion de ses fonctions et de leur
mise en réseau 278 . Ces travaux s’inscrivent dans la continuité historiographique des
études palatiales, particulièrement forte en Allemagne où les résidences impériales et
royales depuis le haut Moyen Âge sont maintenant plus connues 279 . Outre les travaux
sur le champ sémantique de la résidence (palatium, curtis, aula, curia, castrum) qui ont
également été développées en France 280 , et dans une moindre mesure en Grande-
Bretagne 281 , c’est principalement l’étude des pratiques résidentielles qui ont amené à
renouveler l’approche des mécanismes du pouvoir médiéval en valorisant le rôle de
l’itinérance comme mode de gouvernement et d’organisation de l’espace de la
souveraineté. Changer d’échelle implique donc de considérer différents types de
territorialité et notamment celle des réseaux. La réflexion en réseau permet en effet de
penser une géographie complexe, hybride et mobile, émancipée de la conception du
277
MAZEL, F. (éd.), L'espace du diocèse. Genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve-XIIIe
siècle), 2008.
278
BOUCHERON, P. et al., « Formes d’émergence, d’affirmation et de déclin des capitales : rapport
introductif », dans Les villes capitales, 2006, p. 1-43; Ibid..
279
PARAVICINI, W., « Les cours et les résidences du Moyen Âge tardif. Un quart de siècle de
recherches allemandes », dans Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Âge en France et en
Allemagne, 2003, p. 327-350; ZOTZ, T., « Palais royaux, cours, résidences. L'étude des palais royaux en
Allemagne », dans Ibid., p. 307-326 BOUCHERON, P. et al., « Formes d’émergence, d’affirmation et de
déclin des capitales : rapport introductif », dans Les villes capitales, 2006, p. 1-43, notamment p. 21-26.
280
RENOUX, A. (éd.), Palais royaux et princiers au Moyen âge : actes du colloque international tenu au
Mans les 6-7 et 8 octobre 1994, 1996; RENOUX, A. (éd.), Aux marches du palais : qu'est-ce-qu'un palais
médiéval ? : données historiques et archéologiques : actes du VIIe Congrès international d'archéologie
médiévale, Le Mans-Mayenne, 9-11 septembre 1999, 2001; RENOUX, A., « Palais, cours et résidences »,
dans Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne, 2003, p. 351-356;
DEBORD, A., « Castrum et castellum chez Ademar de Chabannes », Archéologie médiévale, 9 (1979), p.
97-113 ; RENOUX, A., « Palais, cours et résidences », dans Les tendances actuelles de l'histoire du
Moyen Âge en France et en Allemagne, 2003, p. 351-356; RENOUX, A. (éd.), Aux marches du palais :
qu'est-ce-qu'un palais médiéval ? : données historiques et archéologiques : actes du VIIe Congrès
international d'archéologie médiévale, Le Mans-Mayenne, 9-11 septembre 1999, 2001; RENOUX, A.
(éd.), Palais royaux et princiers au Moyen âge : actes du colloque international tenu au Mans les 6-7 et 8
octobre 1994, 1996 ;
281
Ceux qui existent sont principalement des monographies de sites archéologiques , voir chapitre 5 ;
KEEVILL, G., Medieval Palaces. An archaeology, 2000.
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