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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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historiquement (elle est au cœur de l’héritage d’Henri II) mais aussi géographiquement,<br />

puisqu’elle faisait le lien nécessaire entre les îles britanniques et les territoires<br />

continentaux. Cette situation explique pourquoi des dépenses considérables ont été<br />

engagées pour la fortification de cette région et pourquoi les délimitations territoriales<br />

ont été l’objet de tant de luttes. Ces luttes n’ont pas été menées sur un seul plan<br />

militaire, la série de traités montre que les enjeux étaient aussi fondamentalement<br />

juridiques. L’accroissement des hostilités entre Plantagenêt et Capétiens s’est en effet<br />

accompagné d’une fixation de plus en plus normalisée des frontières au sein de traités<br />

dont le nombre et la fréquence augmentent au cours de la dernière décennie du XII e<br />

siècle. Tandis que la plupart des traités des années 1170 ne faisaient qu’enregistrer l’état<br />

des positions des deux parties, on voit se mettre en place des tentatives de délimitation<br />

de la frontière à partir de lignes imaginaires entre les pôles qui la composent.<br />

Klaus von Eickels, qui a étudié l’évolution des traités entre Plantagenêt et<br />

Capétiens, souligne les pr<strong>of</strong>ondes transformations qui se sont opérées dans la<br />

ritualisation et la normalisation juridique des hommages, entre l’avènement d’Henri II et<br />

la paix du Goulet, et qui se poursuivront jusqu’à la fin du Moyen Âge 132 . Avant 1154,<br />

l’hommage rendu pour le duché de Normandie était rarement effectué (en 1120, 1137 et<br />

1140) et généralement à la demande des rois d’Angleterre qui l’utilisaient pour résoudre<br />

des problèmes liées à la possession de la terre ou aux droits de succession. C’est<br />

également le cas de l’hommage de 1151, qui met en jeu le Vexin normand. Au cours de<br />

la période, le rituel traditionnel de l’hommage cesse d’être une pure reconnaissance<br />

formelle pour devenir le serment effectué à l’issue d’un traité de paix entre deux rois,<br />

remettant en cause l’idée qu’ils traitaient uniquement comme des égaux, dans le cadre<br />

des relations d’amicitia qui structuraient les relations aristocratiques au haut Moyen<br />

Âge. À partir de 1177, l’idée féodale de loyauté mutuelle, qui s’est peu à peu ajoutée au<br />

rituel d’amicitia, prend progressivement le pas. Ce glissement s’accentue au cours de la<br />

dernière décennie du XII e siècle, si bien qu’en 1200, Philippe Auguste peut exiger de<br />

Jean sa subordination vassalique de manière tout à fait conventionnelle. Au début du<br />

XIII e siècle, l’hommage avait ainsi changé de sens pour devenir un acte définissant le<br />

statut légal du seigneur vis-à-vis de son vassal, même si le rituel restait encore un acte<br />

flexible qui pouvait englober une variété d’autres relations.<br />

132 VAN EICKELS, K., Vom inszenierten Konsens zum systematisierten Konflikt : die englischfranzösischen<br />

Beziehungen und ihre Wahrnehmung an der Wende vom Hoch- zum Spätmittelalter, 2002,<br />

positions résumées en anglais dans VAN EICKELS, K., « Homagium and Amicitia : rituals <strong>of</strong> peace and<br />

their significance in the Anglo-French negotiations <strong>of</strong> the XII th century », Francia, 24: 1 (1997), p. 133-<br />

140.<br />

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