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jusqu’à la majorité de son fils Arthur 305 . Henri II renonça à reprendre la Bretagne sous
son autorité directe et décida de remarier Constance à l’un des plus puissants seigneurs
de Normandie, Ranulf de Chester. Les Plantagenêt renonçaient ainsi à leur dominium
sur le duché, désormais gouverné par Constance, mais ils conservèrent leur imperium,
notamment par le biais des sénéchaux qui avaient été nommés par Henri II et qui furent
maintenus en poste 306 . En 1196, Richard décida de se saisir de la garde d’Arthur afin de
réinsérer la Bretagne sous son autorité directe. Après avoir fait enlever la duchesse, il
lança une expédition militaire, dévastant la péninsule jusqu’à Carhaix 307 . Malgré la
résistance des seigneurs bretons qui envoyèrent Arthur à la cour du roi de France,
Richard parvint à ses fins en 1198, obtenant l’allégeance des barons bretons ainsi que la
garde d’Arthur. En 1199, à la mort de Richard, la revendication d’Arthur à sa
succession projette la Bretagne au cœur des enjeux de l’empire, provoquant une crise
qui débouche sur sa dislocation.
Au final, comme le signalait John Le Patourel, à l’encontre des lectures
nationalistes d’Arthur de La Borderie et de Bertrand Pocquet du Haut-Jussé, les
quelques aristocrates les plus revêches aux Plantagenêt sont ceux qui opposaient depuis
longtemps une résistance au pouvoir ducal 308 . Leurs révoltes furent d’ailleurs souvent
des initiatives individuelles bien plus que de véritables actions collectives. Hormis ces
quelques seigneurs bretons, une dizaine en tout, il semble qu’une majorité de chevaliers,
de clercs et de marchands étaient acquis à la cause des Plantagenêt avant même
l’annexion du duché, surtout ceux qui se trouvaient dans la marche entre Bretagne et
Anjou.
L’insertion des seigneurs des marches
L’annexion du duché de Bretagne favorisa avant tout l’insertion de la marche de
Bretagne au sein de l’empire. Cette insertion s’opéra essentiellement sur deux modes :
d’une part l’annexion pure et simple des espaces comme le comté de Nantes et la
seigneurie de Dol-Combourg, confisquée en 1162 309 (voir chapitre 4) et d’autre part en
305
EVERARD, J. A., Brittany and the Angevins : Province and Empire, 1158-1203, 2000, p. 147.
306
CHÉDEVILLE, A. et TONNERRE, N. Y., La Bretagne féodale, XIe-XIIIe siècle, 1987, p. 96-97.
307
Ibid., p. 98.
308
LE PATOUREL, J. H., « Henri II et la Bretagne », MSHAB, 58 (1981), p. 99-116; POCQUET DU
HAUT-JUSSE, B., « Les Plantagenêts et la Bretagne », Annales de Bretagnes et des pays de l'ouest, 53
(1946), p. 1-27; DE LA BORDERIE, A. et POCQUET DU HAUT-JUSSE, B., Histoire de Bretagne,
1985 [1905-1914], notamment le chapitre intitulé « la tyrannie de Henri II et la résistance bretonne ».
309
Henri II avait confisqué la garde de l’honneur de Dol-Combourg, à Raoul de Fourgères qui la tenait de
Jean de Dol, en 1162-63, alors qu’il était parti en Terre Sainte.
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