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« Grande Maladrerie » pour la distinguer de la petite maladrerie qu’avait fondée
Guillaume le Conquérant 149 . Dans son étude sociale sur l’essor de la ville de Caen au
Moyen Âge, Laurence Jean-Marie établit également que l’hôtel-dieu de Caen, dans
lequel Guillaume le Conquérant installe en 1053 une communauté d’augustiniens,
change de dédicace, comme le Mont-aux-Malades, avant 1210 pour honorer saint
Thomas Becket et saint Antoine 150 . Si un tel changement constitue un indice des
interventions d’Henri II dans les années 1170-1180, la double dédicace indique qu’il ne
pouvait s’agir d’une refondation totale. Avec ces deux fondations, le duc devenait la
principale autorité, à Caen, capable d’apporter une aide institutionnelle aux pauvres et
aux malades. Quant à la refondation de l’hôtel-dieu d’Argentan, initialement établi par
les bourgeois et dédié à la Trinité, elle est très mal connue à cause de la disparition des
archives 151 . La consécration d’un nouvel hôpital en l’honneur de saint Thomas Becket
en octobre 1177 suggère, là encore, une probable collaboration d’Henri II, dans la
mesure où Argentan relevait des domaines ducaux depuis la mort de Mathilde 152 . C’est
à Argentan par ailleurs qu’Henri II apprend la nouvelle du meurtre de l’archevêque.
Herbert de Bosham raconte que le roi refusa de sortir de ses appartements pendant plus
de quarante jours, pour se livrer à la pénitence et au jeûne 153 . L’initiative de la
refondation ne date cependant que des années 1173-74, lorsque s’impose la nécessité
d’importantes réparations à la suite des dommages subis par l’hôpital lors de la révolte
des barons 154 .
La fondation de maladreries pouvait également s’effectuer à partir de la
conversion d’un manoir royal dans lequel le roi installait une communauté religieuse.
C’est le cas par exemple du manoir de Quevilly, qui était l’une des principales
résidences ducales depuis Henri I er . Henri II y avait fait construire la chapelle dédiée à
saint Julien dans les années 1160 (illustration 3.12), c'est-à-dire pendant les dernières
archéologique et architectural », dans Archéologie et architecture hospitalières de l'Antiquité tardive à
l'aube des Temps modernes, 2004, p. 325-389
149
COLLET, C.; LEROUX, P. et MARIN, J. Y., Caen cité médiévale, 1995, p. 85.
150
JEAN-MARIE, L., Caen aux XIème et XIIème siècles espace urbain, pouvoirs et société, 2000, p. 86-
92, 215.
151
HALLAM, E. M., « Henry II as a founder of monasteries », Journal of Ecclesiastical History, 28: 2
(1977), p. 113-132 ; GIBELLO, C., « L’hôtel-dieu saint Thomas d’Argentan des origines à la veille de la
Révolution », Société historique et archéologique de l’Orne, 107 (1988), p. 19-25.
152
MRSN, I, p. LXXXIX.
153
Materials for the History of Thomas Becket, Vol. III (William Fitzstephen, Herbert of Bosham), 1965,
p. 542 : et in nominatissimo illo Normanniae oppido, quod Argenteon, dicitur, in quo primum accepit hoc
per dies quadraginta sedit moerens, quo toto illo poenitentiali dierum numero acerbiorem multo
plusquam mortuorum luctum fecit.
154
GIBELLO, C., « L’hôtel-dieu saint Thomas d’Argentan des origines à la veille de la Révolution »,
Société historique et archéologique de l’Orne, 107 (1988), p. 19-25.
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