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l’exploitation et l’usage du plomb qui nous permettent de comprendre les contraintes de
l’approvisionnement des chantiers et leurs enjeux politiques et économiques globaux.
Les documents de l’administration anglaise et normande permettent ainsi de
saisir le degré de contrôle des ressources du territoire et de leur exploitation, dans la
mesure où l’intensité et la fréquence de la circulation des matériaux reflètent bien la
manière dont un pouvoir est capable d’organiser un territoire économique à partir de
richesses « communes ». Nous verrons donc tout d’abord comment le transport de la
pierre répond à une logique combinant des enjeux à la fois techniques et symboliques,
puis quelle est l’ampleur de la mobilisation des ressources en bois et en fer pour
approvisionner les chantiers et, enfin, dans quelle mesure l’usage et les dons de plomb
ont placé les chantiers au cœur d’enjeux économiques globaux.
2.1- L’approvisionnement en pierre des chantiers Plantagenêt
Si l’apparition d’une « blanche robe d’églises », selon l’expression de Raoul
Glaber, domine l’imaginaire médiéval, la vague de constructions initiée par l’Église au
XI e siècle inclut également, par la suite, de vastes grandes forteresses et de grands et
hauts donjons, qui ont accompagné l’essor de la puissance princière au cours du XII e
siècle. Dans l’ouest de l’Europe, la diffusion de la maçonnerie en milieu princier laïc
s’opère de manière discontinue selon les régions et les milieux sociaux, entre le XI e et le
XII e siècle 199 . La « pétrification » de l’architecture fait de l’approvisionnement des
chantiers en pierre de taille une préoccupation centrale dans la conduite des opérations,
principalement parce que les quantités nécessaires et le coût du transport de la carrière
au chantier impliquaient la maîtrise d’une gestion et d’une organisation complexes. Les
matériaux devaient être sélectionnés et la pierre être au moins grossièrement taillée
avant d’être transportée sur le site. Ce transport était généralement effectué par les
carriers eux-mêmes comme l’indiquent les rouleaux normands de 1198, qui enregistrent
le paiement de £ a 2600 5s. 6d. pour les quariatori qui apportent de la pierre de taille aux
Andelys 200 . Cette mention signale également, qu’outre l’extraction in situ, comme c’est
le cas à Châteaux Gaillard – où les anciennes carrières sont encore visibles sur les sites
199 RENOUX, A., Fécamp, du palais ducal au palais de Dieu : bilan historique et archéologique des
recherches menées sur le site du château des ducs de Normandie IIe siècle A.C.-XVIIIe siècle P.C. 1991,
p. 280-288.
200 MRSN, II, p. 310 : quariatoribus qui trahebant petram de quareliis. Ce montant incluait
vraisemblablement le prix de la pierre elle-même, bien que cela ne soit pas spécifié.
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