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Vincent Moss a ainsi montré qu’en 1198, la participation des villes aux revenus de
l’Échiquier avait été particulièrement importante 237 .
S’assurer les villes du Poitou
Dès 1175, Henri II établit en faveur des bourgeois de La Rochelle une commune
ad defensionem et securitatem ville sue pour récompenser leur soutien pendant la grande
révolte de 1173 238 . Depuis Charles Petit-Dutaillis, on considère que c’est là le premier
exemple d’une commune au service du roi, ou plus exactement que c’est la première
fois que les Plantagenêt considèrent une commune non comme une simple alliée, mais
comme l’auxiliaire véritable de leur pouvoir, représentant ses intérêts dans la région 239 .
Comme à Rouen et à Poitiers, la constitution de cette commune s’est accompagnée de la
construction d’une enceinte, dont l’existence est confirmée en 1214, dans la charte que
Jean donne aux Templiers de La Rochelle. Dans ce document, les Templiers sont
chargés d’entretenir les enceintes et les fossés de la ville, en échange des droits sur les
cours d’eau qui les alimentaient (voir chapitre 4) 240 . Avec leurs remparts, les communes
servaient de places fortes, dans lesquelles le roi pouvait placer des garnisons, et
devenaient ainsi des pôles structurants du territoire politique. Selon Robert Favreau, en
effet, avec la charte de La Rochelle apparaît une conception nouvelle de la commune
comme élément militaire qui assure la sécurité des points stratégiques. C’est
probablement dans cette perspective que des communes sont également accordées à
Poitiers, à Saintes et à Oléron, peu après celle de La Rochelle, puis confirmées en
1199 241 . À cette date cependant, les confirmations sont plutôt le résultat de la faiblesse
237 MOSS, V., « The Norman fiscal revolution 1193-1198 », dans Crisis, Revolutions and Self-Sustained
Growth, Essays in European Fiscal History 1130-1830, 1999, p. 38-57.
238 Acta Plantagenêt (1814H) ; Recueil des actes d’Henri II II, p. 82-83, n° DXIX ; FAVREAU, R., « Les
débuts de la ville de la Rochelle », C.C.M., 30 (1987), p. 9-10; FAVREAU, R., La Rochelle aux XIIe et
XIIIe siècles, 1993.
239 CHÉDEVILLE, A., « Le mouvement communal en France au XIe et XIIe siècles », dans Bonnes villes
du Poitou et des pays de charentais (XIIe-XVIIIe siècles), 2002, p. 9-24.
240 Rot. Chart., p. 196 ; WARMOES, I., « Les fortifications Plantagenêt de La Rochelle », dans Les
Fortifications dans les domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles, BAUDRY M.-P. (éd.), 2000, p. 119-
122, cite Bibliothèque municipale de La Rochelle, mss 59. « Pierre Mervault, Recueil de la naissance,
progrès, accroissement et décadence de la ville de La Rochelle… » (1669), qui avance la date de 1162.
241 FAVREAU, R.; RECH, R. et RIOU, J. Y. (eds.), Bonnes villes du Poitou et des pays charentais (XIIe-
XVIIIe siècles). Actes du colloque tenu à Saint-Jean-d'Angély, les 24-25 septembre 1999, à l'occasion du
8e centenaire des chartes de commune, 2002 ; PON, G. et CHAUVIN, Y., « Chartes de libertés et de
communes de l'Angoumois, du Poitou et de la Saintonge (fin XIIe-début XIIIe siècles) », dans Ibid.,
p. 25-149; CHÉDEVILLE, A., « Le mouvement communal en France au XIe et XIIe siècles », dans Ibid.,
p. 9-24.
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