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oi lui-même (à moins que ce ne soit la projection de l’opinion de Pierre de Blois sur la
parole du roi) :
Je peux affirmer en bonne conscience que ma volonté et mon désir
sont d’être toujours dans la solitude, d’être entouré d’un petit nombre
plutôt que d’une multitude de gens, mais il ne dépend pas de moi de
pouvoir vivre parfois plus secrètement et de jouir de très brefs
moments de tranquillité 93 .
Outre la cadence, le mauvais état des routes participait également à l’inconfort
des trajets, tandis que la longueur et l’équipement des chariots, remplis de toutes sortes
de choses contribuaient à ralentir les convois 94 . L’épisode de la perte des bagages du roi
en octobre 1216, dans les eaux de l’estuaire de la Nene montre que l’organisation de ces
pérégrinations pouvait être parfois périlleuse 95 . Cet accident résulte, semble-t-il, de la
volonté du roi de faire prendre un raccourci au convoi qui le ralentissait dans son
périple. Les distances parcourues par la cour pouvaient tripler selon les étapes et selon
les jours, si l’on en croit le Roman de Rou :
Doc coïssiez Henri par cez marches haster,
De l’une tere a l’autre et venir et aller,
Trois jornées ou plus en un seul jour erre,
Ce cuidaient sa gent que il deüst voler. 96
Brian Hindle a calculé que, en moyenne, la cour de Jean se déplaçait 13 à 14 fois
par mois et que les distances parcourues étaient d’environ 12 à 15 miles par jour (20 à
25 km) ce qui correspond au taux journalier des voyages de la cour des empereurs
allemands au XI e et XII e siècles 97 . Ces calculs rejoignent ceux de Maïté Billoré qui a
établi, à partir des chroniques et des actes de la pratique, que la distance entre Gisors et
Argentan (soit environ 70 à 75 km) était parcourue en moyenne en quatre jours, c'est-à-
dire le même temps qu’il était nécessaire pour atteindre Les Andelys depuis Caen 98 . Si
93 PIERRE DE BLOIS, « Dialogus inter regem Henricum secundum et abbatem Bonevallis, ed. R.B.C
Huygens », Revue benedictine, 68 (1958), p. 87-113, p. 105. Verum secura conscienta possum dicere
voluntatem et desiderium meum semper esse ut sim in solitudine et in paucitate potius quam in
multitudine. sed non michi datum desuper ut possim quandoque secrecius vivere et unius brevissimi
momenti tranquillitate gaudere…
94 GAUTHIER MAP, De nugis curialium / Courtiers' trifles, 1983, IV, 13, p. 370 ; V, 6, p. 476.
95 Sur ce point voir WARREN, W. L., King John, 1997, p. 278-285.
96 ROBERT WACE, Le Roman de Rou, 1970-1974, v. 70-73.
97 BARTLETT, R. J., England under the Norman and Angevin kings 1075-1225, 2000, p. 136, cite
REINKE, M., « Die Reusegeschwindigkeit des deutschen Köningshofes im 11 und 12 Jahrhundert
nördlich der Alpes », dans Blätter für deutsche Landesgeschichte, 1937, p. 225-251.
98 HINDLE, B. P., Medieval roads and tracks, 1998, révise les données de HARDY, T. D., « Itinerarium
Johannis Regis Angliae. A Table of the Movements of the Court of John King of England, from his
Coronation, to the end of his Reign », Archaeologia, 22 (1829), p. 124-160dont les calculs des trajets de
35 à 40 miles (55 à 65 km) par jour voire 50 miles (80 km), un résultat qui paraissait déjà à T.D. Hardy
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