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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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public 343 . Glanvill fait de la justice royale la responsable de la résolution des problèmes<br />

d’ordre public et place ainsi toutes les routes principales sous la juridiction royale.<br />

Il n’est pas impossible que le droit de pourpresture, dont le nom dérive du terme<br />

carolingien de porprendere signifiant « prendre de sa propre autorité », se soit inscrit<br />

dans la continuité de l’ancien délit anglo-saxon de stretbreche, qui désignait les crimes<br />

contre l’ordre public. Seules les Leges Henrici Primi mentionnent l’existence de ces<br />

crimes sous ce terme et le considèrent comme violant la paix publique. Ces crimes se<br />

distinguaient de ceux commis sur les routes, qui relevaient de la simple juridiction<br />

royale. La poupresture se définit donc à la fois comme un empiètement sur les terres<br />

royales et comme nuisance à l’intérêt commun. Le concept de Couronne fonctionne<br />

donc ici comme une manière de faire apparaître une sphère publique dédiée à l’utilité<br />

commune et dont le roi s’impose comme garant 344 .<br />

En Angleterre, les réformes d’Henri II contribuent donc à faire disparaître la<br />

juridiction spécifique de la paix du roi sur les routes qui existait à l’époque anglo-<br />

saxonne. Autour de 1200, les routes faisaient désormais partie du domaine inaliénable et<br />

impersonnel qui appartient à proprement parler à la Couronne, et non au roi en tant que<br />

personne ou seigneur 345 . De ce fait, elles disparaissent presque totalement des sources,<br />

car sans la question des pr<strong>of</strong>its des routes, il n’y avait en effet plus d’intérêt pour ceux<br />

qui gardaient les registres de les distinguer des autres types d’amendes. Cette<br />

caractéristique touche également les voies fluviales dont certaines étaient reconnues<br />

comme publiques à l’instar des routes terrestres 346 .<br />

343 COOPER, A. R., « Obligation and Jurisdiction: Roads and Bridges in Medieval England, (c.700-<br />

1300) », unpublished Ph.D., Harvard, 1998, p. 250.<br />

344 KANTOROWICZ, E. H., Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen âge, 2000<br />

[1957], p. 885 : les procès relevant de la couronne impliquaient également la dignité royale, ad coronam<br />

et dignitatem meam pertinent.<br />

345 COOPER, A. R., « Obligation and Jurisdiction: Roads and Bridges in Medieval England, (c.700-<br />

1300) », unpublished Ph.D., Harvard, 1998, p. 245 et plus largement le chapitre 8 consacré à l’affirmation<br />

des droits royaux sur les routes et l’évolution du nouvel ordre public. Il y étudie 1) la disparition de la<br />

spécificité juridictionnelle de la route, 2) les développements des doctrines juridiques de la pourpresture,<br />

3) les moyens par lesquels Bracton utilise le droit romain pour réaffirmer le statut de la route en termes<br />

forts et 4) l’état des routes vers 1300 dans les livres de droit et la législation de Edward III.<br />

346 COOPER, A. R., « The rise and fall <strong>of</strong> the Anglo-Saxon law <strong>of</strong> the Highway », H.S.J., 12 (2002),<br />

p. 39-69 cite la liste des regalia établies à Roncaglia en 1158 et qui incluait dans les publice vie aussi bien<br />

les rivières navigables que les routes terrestres dans WEILAND, L. (éd.), Constitutiones et acta publica<br />

imperatorum et regum Tomus I inde ab a. DCCCCXI usque ad a. MCXCVII, 1963, p. 244-45.<br />

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