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Le bois employé dans les constructions était le plus souvent coupé dans les
forêts les plus proches des chantiers, mais il pouvait aussi être parfois transporté sur de
plus longues distances. Olivier Rackham a montré que, contrairement à l’idée souvent
répandue selon laquelle l’approvisionnement en bois était un problème jusqu’à la fin du
Moyen Âge, le bois de charpente et de chauffe étaient des produits commerciaux
répandus, en particulier les bois de grande taille qui permettaient de réaliser de hautes
charpentes et qui se trouvaient seulement dans certaines forêts anciennes 300 . Par ailleurs,
les charpentiers du Moyen Âge n’avaient aucun scrupule à utiliser du bois vert, c'est-à-
dire non séché, pour les constructions 301 . Dans une charte au profit des moines de
l’abbaye de Dalon en Anjou, Henri II leur concède en effet le droit de prendre « dans la
forêt de Bacon, le bois tant sec que vert, qui leur est nécessaire pour leur chauffage et
leurs bâtiments » 302 .
La plupart des entrées des pipe rolls mentionnent le bois de construction par le
terme mairemium, c'est-à-dire du merrien ou bois de charpente, ce qui suppose qu’il ne
s’agissait pas de bois brut, mais de bois préparé pour le chantier 303 . Parfois également,
l’espèce du bois, le chêne ou le sapin, est indiquée 304 . Selon Olivier Rackham, près de
97% des édifices en bois de l’Angleterre médiévale étaient construits en chêne, un bois
choisi moins pour ses propriétés matérielles que par habitude 305 . Le chêne était aussi
vraisemblablement investi d’une valeur sociale, car son usage dans les constructions
reste important tout au long du Moyen Âge, alors qu’il devenait de plus en plus coûteux
de le mettre en œuvre.
300
RACKHAM, O., « The growing and transport of timber and underwood », dans Wood Working
Technics before A.D. 1500, 1982, p. 199-218.
301
SALZMAN, L. F., Building in England down to 1540. A Documentary History, 1967, p. 236.
302
Acta Plantagenêt (3767H), in foresta de Baconeis capiant tam de sicco quam de viridi quod eis
necessarium fuerit ad focum suum et ad edificia sua ; voir aussi BOUSSARD, J., « Trois actes d'Henri
Plantegenêt relatifs à ses possessions françaises », B.E.C., 118: 1 (1960), p. 51-57.
303
Les rares occurrences de ligneum montrent que le terme est essentiellement employé comme un
adjectif : domus ligneus, castelli lignei, copuli lignei, etc.
304
PR 32 H.II, p. 116 : pro carriandis L planchiis de sappo a Warengeford usque Clarendon ; PR 9
Richard, p. 33 : 10 marcs pro XX quercubus sternendis et cariandis et parandis ad emendationem
domorum regis apud Oxeneford ; p. 34 : 20s. pro XX quercubus ad reparatione domorum regis apud
Oxeneford ; Rotuli normanniae in Turri londinensi asservati, HARDY, T. D. (éd.), 1835, p. 85 : R.
senescallo Normanniae. Mandamus vobis quod faciatis habere Willelmo decano de Catteho et X copulas
de cheveronibus in foresta Valonis de quercu ad reparacionem ecclesie de Catteho. Teste G. fillii Petriapud
Mollinelle ii die Aprilis.
305
RACKHAM, O., « The growing and transport of timber and underwood », dans Wood Working
Technics before A.D. 1500, 1982, p. 199-218. Les bois autres que le chêne se retrouvent principalement
dans les constructions secondaires ou en bas de l’échelle sociale, mais pratiquement jamais dans les
églises, les châteaux ou les grandes fermes.
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