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la conception qu’Henri III se faisait de sa royauté » 362 intégrait ainsi à la nature sacrée<br />

de la royauté anglaise sa dimension territoriale, deux catégories qui étaient précisément<br />

en négociation à cette période 363 . L’intérêt pour la géographie et l’essor de la<br />

cartographie aux XII e et XIII e siècles apparaissent ainsi étroitement reliés aux<br />

aspirations impériales des souverains anglais, un peu à l’image de ce que Claude Nicolet<br />

a montré pour Auguste : son obsession pour l’espace à la fin de son règne – qui se<br />

traduisit par une intense production géographique et cartographique – appartenait<br />

pleinement à son projet articulé d’empire universel 364 .<br />

Avant d’en arriver à une énonciation aussi clairement formulée, l’essor des<br />

discours et des représentations sur l’espace au XII e siècle, peut être néanmoins<br />

considéré comme un bon révélateur de la conscience qu’Henri II pouvait avoir des<br />

transformations « géopolitiques » de l’Occident, dont il fut l’un des principaux acteurs.<br />

Cependant, si les cartes et les mappemondes constituent des formes picturales qui ont<br />

accompagné la représentation d’un nouveau pouvoir territorial et l’affirmation de la<br />

souveraineté monarchique, l’apparition de cette nouvelle forme de représentation<br />

synthétique de l’espace participe plus largement d’un fait culturel global. Leur essor, par<br />

exemple, coïncide également avec les nouvelles habitudes mentales des clercs du XIII e<br />

siècle 365 . Alors que la Summa (c'est-à-dire la présentation à la fois exhaustive et<br />

systématique), s’impose comme modèle de la pensée scolastique, la carte apparaît<br />

également comme un moyen similaire de représenter l’espace selon un plan d’ensemble<br />

articulé et pensé a priori, à l’instar des programmes iconographiques et techniques des<br />

chantiers des cathédrales gothiques. De même, alors que la géographie descriptive qui a<br />

dominé le genre jusqu’au XII e siècle est un savoir fondé sur la foi en l’autorité (Orose<br />

ou Isidore), le développement de la cartographie médiévale pourrait également signifier<br />

l’importance sociale et politique de ce que Roland Recht considère comme le nouveau<br />

pacte au fondement de la croyance « gothique » : le voir 366 .<br />

Mais qu’est-ce qui, dans l’espace médiéval, était alors le plus visible ? Outre les<br />

éléments naturels, l’espace habité apparaît avant tout comme un espace construit. Quelle<br />

362<br />

BINSKI, P., The Painted Chamber at Westminster, 1986, p. 43-45: « a cogent illustration <strong>of</strong> Henry<br />

III’s view <strong>of</strong> his kingship ».<br />

363<br />

BIRKHOLZ, D., The King's Two Maps : Cartography and Culture in Thirteenth-Century England,,<br />

2004, p. xix.<br />

364<br />

NICOLET, C., L'Inventaire du monde Géographie et politique aux origines de l'Empire romain, 1988.<br />

365<br />

PANOFSKY, E., Architecture gothique et pensée scolastique, 1974.<br />

366<br />

RECHT, R., Le croire et le voir: l'art des cathédrales, XII-XVe siècle, 1999.<br />

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