03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

chose que la res publica dont la responsabilité incombait à l’Église et aux princes 266 . Si<br />

l’usage de la notion de guerre publique apparaît ainsi clairement liée à la volonté de ces<br />

rois de faire de leur conflit une préoccupation commune, peut-on dire pour autant<br />

qu’elle illustre une « étatisation de la violence », et surtout, qu’entend-on exactement<br />

par cette expression à une époque où la réalité de l’État est encore contestable ? Comme<br />

au XI e siècle, la guerre publique à la fin du XII e siècle n’avait pas nécessairement<br />

vocation à se substituer aux autres types de conflits de type faidal, mais visait<br />

principalement à mobiliser l’ensemble des fidélités liées autour d’un objectif commun :<br />

la défense du territoire originel.<br />

Comment ne pas mettre en rapport, en effet, l’usage de cette notion de guerre<br />

publique avec l’essor de la thématique de la defensio patriae ? Deux lettres rapportées<br />

par Roger de Hoveden montrent que la question de la défense de la patrie était au centre<br />

des débats sur cette guerre. Les déprédations étaient-elles admissibles à partir du<br />

moment où elles se faisaient au nom d’une guerre juste, et « pour la patrie » se demande<br />

l’évêque de Beauvais ? 267 Si la défense de la patria communis constituait, à l’époque<br />

carolingienne, une forme d’obligation morale pour tous les soldats envers la<br />

communauté du royaume, à l’époque féodale, la notion de patria s’efface presque<br />

entièrement au pr<strong>of</strong>it des rapports politiques fondés sur la vassalité. La résurgence du<br />

thème de la defensio patriae chez les juristes du XII e siècle, qui déclaraient que « le<br />

devoir de défendre la patria est supérieur aux obligations féodales du vassal envers son<br />

266 JEAN DE SALISBURY, Policraticus. Of the Frivolities <strong>of</strong> Courtiers and the Footprints <strong>of</strong><br />

Philosophers, 1990, Lib. VI. Cap. I. « Lorsque la main de la république est armée ou désarmée … La<br />

main de chaque milicia, à savoir la main armée et la main désarmée, est la main du prince lui-même et s’il<br />

ne peut retenir les deux, il n’est pas vertueux. (Quod manus reipublicae aut armata est, aut inermis …<br />

Manus tamen utriusque militiae, armatae videlicet et inermis; manus est principis; et nisi utramque<br />

cohibeat, parum continens est).<br />

267 HOVEDEN, IV, p. 22, cite une lettre de l’évêque de Beauvais adressée au pape dans laquelle il se<br />

plaint de Richard « se ruant, sur notre patrie, la dévastant entièrement à l’aide de ses cohortes de<br />

Branbançons renégats, « et que ce dernier arguait du « ‘combat pour la ‘patrie’, pour attaquer ses<br />

ennemis, qu’il s’agisse de soldats rangés en carré et de princes en ligne de bataille » (subnixus etiam<br />

apostaticis Braibancenorum cohortibus, patriam nostram irruebat cricumquaque depopulando. […]et<br />

illius ‘Pugna pro ‘patria’, militum et vim cuneis et aciei procerum immixtus, hostibus irruentibus obviam<br />

exivi). Roger de Hoveden publie également la réponse fait à Philippe de Beauvais : « En repoussant la<br />

violence par la violence, c’est à dire l’allégeance, et non par la vertu, on combat non pour la patrie mais<br />

contre elle » (non vim sicut alleges sed virtutem vi repellere volens, non pro patria, sed contra patriam<br />

pugnans). Selon ces ecclésiastiques, la guerre pour la patrie doit également prendre des formes militaires<br />

différentes pour pouvoir être une guerre juste. Vim vi repellere était une maxime reconnue aussi bien par<br />

le droit naturel que le ius gentium et le ius publicum ; POST, G., « Ratio Publicae Utilitatis, Ratio Status<br />

and "Reason <strong>of</strong> State », 1100-1300 », dans Studies in Medieval Legal thought Public Law and the State,<br />

1100-1322, 1964, p. 241-309; POST, G., « Public Law, the State and Nationalism », dans Studies in<br />

Medieval Legal thought Public Law and the State, 1100-1322, 1964, p. 434-493.<br />

287

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!