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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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jusqu’à présent que de simples loges de chasse fréquentées par le roi et quelques un de<br />

ses familiares en véritables lieux de pouvoir, fréquentés par tout la cour. Cependant, ce<br />

phénomène ne semble concerner que le monde anglo-normand. L’absence apparente de<br />

demeures forestières en dehors de la Normandie et de l’Angleterre peut-elle s’expliquer<br />

par la plus grande rareté des forêts ducales et comtales dans les autres territoires ? Leur<br />

absence de la documentation n’est-elle pas également le reflet d’une certaine réalité de<br />

terrain, qui diffère assez largement de l’espace anglo-normand. En Angleterre comme<br />

en Normandie, le pouvoir central avait en effet relativement bien résisté à la<br />

dissémination du ban châtelain qui marque les IX e -XI e siècles (voir chapitre 2). Cet<br />

héritage permet d’expliquer la permanence de lieux de pouvoir de type « villégiature »<br />

que les siècles du premier âge féodal contribuèrent à faire disparaître au pr<strong>of</strong>it des<br />

mottes castrales sur le continent. Contrairement aux villae regiae anglo-saxonnes, les<br />

anciennes villae carolingiennes sont sans doute devenues des sites fortifiés au XII e<br />

siècle, sur le modèle de Doué-la-Fontaine 271 . Toutefois, la documentation révèle que<br />

tous les sites royaux ou ducaux sont loin d’être connus et identifiés. Ainsi en 1201, Jean<br />

donne à Berengère de Navarre, pour son douaire, sa demeure de Torrea près de Bayeux<br />

(sans doute à Tour-en-Bessin), ainsi que toutes ses dépendances (étang, moulin, forêt) et<br />

tout ce qui est nécessaire pour leur réparation, une mention qui indique<br />

vraisemblablement l’abandon dans lequel devait se trouver ce manoir 272 . En l’absence<br />

de demeures forestières, le processus de résidentialisation s’est adapté aux lieux de<br />

pouvoir existant, développant les espaces autour des châteaux et des monastères.<br />

Les demeures extra castrum et extra burgum<br />

Dans un passage de la chanson de Guillaume le Maréchal, l’auteur raconte<br />

comment en 1204, alors que les places fortes de la Normandie tombaient<br />

progressivement aux mains de Philippe Auguste, Jean, qui venait de Rouen, décide de<br />

coucher à Bonneville-sur-Touques, « dans le château et non pas dans le village, car il<br />

redoutait une trahison. On l’avait en effet averti que la plupart de ses barons s’étaient<br />

engagés par serment à le livrer au roi de France » 273 . Ce passage suggère que lorsque le<br />

271 DE BOUARD, M., « De l'aula au donjon, les fouilles de la Motte de la Chapelle à Doué-la-Fontaine<br />

(Xe-XIe siècles) », Archéologie médiévale, 3-4 (1973-1974), p. 5-110.<br />

272 Rot. Lit. Pat., p. 2-3 : concessimus ei domos nostra de Torrea cum stagno et molendinis, cum pratis et<br />

aliis pertinetniis suis, excepta foresta et de foresta calfagium suum et domus sue, et quod necessarium<br />

fuerit ad reparationem domorum illarum molendinorum et stagni per visum forestariorium nostrum ; voir<br />

aussi Les registres de Philippe Auguste, Vol. 1: Texte, BALDWIN, J. W. (éd.), 1992, p. 488-90.<br />

273 MEYER, P. (éd.), L'histoire de Guillaume Le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent<br />

d'Angleterre de 1216 à 1219 : poème français, 1891-1901, III, p. 175 ; II, p. 96-97 : (127897-12804)<br />

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