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L’abandon de la coutume du cérémonial des cours solennelles qui exigeait que le<br />

roi paraisse couronné devant ses sujets deux ou trois fois par an, lors des fêtes majeures<br />

de l’Église, n’est pas une conséquence des incessants voyages d’Henri II outre Manche,<br />

mais bien un vœu qu’il prononce à l’exemple du roi Cnut 143 . Selon Percy Schramm, ce<br />

choix résultait de la volonté de ne pas assimiler ce cérémonial à celui, très similaire, de<br />

l’intronisation des évêques. Le symbolisme et le formalisme de ces cérémonies n’étaient<br />

pas sans évoquer, en effet, les consécrations épiscopales qui comportaient l’élection,<br />

l’onction, la remise des insignes, l’intronisation ainsi que le serment royal 144 . C’est<br />

vraisemblablement pour cette raison qu’Henri II décide, à Noël 1157, alors qu’il était à<br />

Lincoln, de porter sa couronne non pas dans l’église cathédrale mais dans celle de<br />

Wigford, en dehors des limites de la ville 145 . Bien que les chroniqueurs présentent ce<br />

geste comme un acte d’humilité, en cohérence avec le goût peu prononcé du roi pour les<br />

cérémonies et les dépenses excessives, Percy Schramm rappelle que le port de la<br />

couronne est également abandonné en France à la même époque. En effet, avec<br />

l’affirmation du principe dynastique, la représentation cérémonielle de l’autorité sacrée<br />

du roi devenait de moins en moins nécessaire.<br />

La revendication du principe d’hérédité s’est alors traduite par le couronnement,<br />

de l’aîné de ses fils, le 24 mai 1170, à Westminster. Par ce couronnement, Henri II<br />

renouait avec le principe de l’association à la royauté afin de garantir la succession au<br />

trône de sa lignée de manière héréditaire. Il symbolise donc à double titre<br />

l’autonomisation croissante du pouvoir royal face à l’Église, et d’abord parce qu’il a<br />

lieu au beau milieu de la querelle qui oppose Henri II et l’archevêque de Canterbury,<br />

Thomas Becket, qui est alors en exil en France. Henri II prend alors la liberté<br />

d’organiser la cérémonie sous les auspices de l’archevêque d’York, transgressant la<br />

coutume régissant la prérogative du couronnement des rois par les primats<br />

d’Angleterre 146 . En défiant l’archevêque, Henri II affirmait une fois de plus la volonté<br />

abbreviatio chronicorum Angliæ, 1866, I, I., p. 308-309 : Henricus [II.] in Dominicae Nativitatis die<br />

apud Wigroniam coronem portavit in magna gloria, […], sedit in ea regalibus insignitus, coronatus, et<br />

sceptrum tenens.<br />

143 Ibid., I, p. 308-309 : Rex Henricus …corronam manibus de capte apprehendens illam super altare<br />

posuit, nec ultra coronam portaret curavi (Le roi Henri prenant de ses propres mains la couronne de sa<br />

tête, la posa sur l’autel et jura de ne plus la porter par la suite).<br />

144 SCHRAMM, P. E., A History <strong>of</strong> the English Coronation, 1937 ; FOREVILLE, R., « Le sacre des rois<br />

anglo-normands et angevins et le serment du sacre (XIe-XIIème siècle) », A.N.S., 1979, p. 49-62.<br />

145 HOVEDEN, I, p. 216.<br />

146 GERVAIS DE CANTORBERY, The Historical Works, 1965 [1880], p. 220 : Noscitur enim quod<br />

regum Angliae coronatio ab antiquo tempore solius sit Cantuariensis archiepiscopi ; GUILLAUME DE<br />

NEWBURGH, Chronicles <strong>of</strong> the reigns <strong>of</strong> Stephen, Henry II, and Richard I, 1884.<br />

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