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3- Intégration et désintégration des confins aquitains
3.1- Des Pyrénées au Monts du Cantal : les marges instables de
l’Aquitaine face à l’influence catalano-aragonaise
Dans ces confins aquitains, la politique de construction aux frontières apparaît
pratiquement inexistante. Face à l’hégémonie que les rois d’Aragon entendent imposer
au-delà des Pyrénées et jusqu’en Provence, les Plantagenêt ont plutôt été des alliés,
renonçant aux droits qu’ils n’exerçaient peu ou pas sur les marges pyrénéennes et dans
le Gévaudan.
3.1.1- Les positions ducales méridionales : une hégémonie disputée
Les origines des domaines ducaux en pays de Born et jusqu’à Bayonne sont mal
connues, bien qu’ils semblent avoir été d’une certaine importance tout au long du XII e
siècle 348 . En revanche, les tendances autonomistes des marches méridionales du duché
ont sans doute été encouragées par l’état des relations diplomatiques entre les
Plantagenêt et les rois ibériques. John Gillingham y voit en effet l’une des raisons du
faible acharnement des Plantagenêt contre les vicomtes de Béarn, Bigorre, Comminges,
Armagnac et Fezensac. Outre son alliance avec les Aragonais contre le comte de
Toulouse, Henri II développe des relations avec Alphonse III de Castille, à qui il donne
sa deuxième fille, Aliénor, en mariage en 1170 (ou en 1176), supplantant ainsi l’alliance
entre les Capétiens et les castillans qu’avait scellé le mariage de Louis VII avec
Constance de Castille 349 . Il semble qu’Aliénor d’Aquitaine a joué également un rôle
décisif dans l’orientation de la politique ibérique des Plantagenêt. Marie Hivergneaux
rappelle en effet qu’en 1172, bien qu’aucune charte ne confirme l’événement, Aliénor
reçoit personnellement les rois Alphonse VIII d’Aragon et Sanche VI de Navarre à
propos de l’alliance contre Toulouse 350 . C’est également elle qui organise le mariage
348 BOUTOULLE, F., « La Gascogne sous les premiers Plantagenêts (1152-1204) », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 285-318; Ibid..
349 TORIGNI, II, p. 22 place le mariage d’Aliénor en 1170 : Alienor, filia Henrici regis Anglorum, as
Hispaniam ducata est, et ad Amfruso imperator solemniter desponsata ; tandis que Roger de Hoveden le
place en 1176, HOVEDEN, II, p. 105 : Eodem anno Henricus rex Angliae, filius Matildis imperatricis,
dedit Alienor filiam suam Aldefonso regi Castellae in uxorem.
350 HIVERGNEAUX, M., « Queen Eleanor and Aquitaine, 1137-1189 », dans Eleanor of Aquitaine :
Lord and Lady, 2002, p. 55-76, cite RICHARD, A., Histoire des comtes de Poitou. Tome 4, [1086-1137],
2004, II, p. 161 ; LABANDE, E. R., Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine, 2005 (1952).
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