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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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les fortes distinctions identitaires qui dominaient encore dans l’empire, Richard cherche<br />

à développer un culte « impérial » au travers de la figure « trans-nationale » que<br />

représentait le roi Arthur à la fin du XII e siècle. En choisissant un héros mythique plutôt<br />

qu’un saint local, Richard opte pour une stratégie d’unification identitaire venant se<br />

superposer plus que remplacer les attaches locales, comme celle qu’il avait nouée avec<br />

sainte Valérie et dont l’union personnelle lui avait permis de transgresser les règles<br />

successorales. Il utilise également son corps pour faire le trait d’union entre les<br />

différentes parties de cet empire multipolaire. Jean ne parvint à pas poursuivre l’œuvre<br />

de son frère et, après 1204, le choix des cultes des saints Edmund et Wulfstan acte<br />

l’abandon de l’ancrage de son autorité sacrale sur ses territoires continentaux pour<br />

affirmer l’identité pr<strong>of</strong>ondément anglaise de sa royauté. La manipulation du corps des<br />

saints est donc utilisée par les Plantagenêt, comme elle l’avait été par la papauté, comme<br />

un instrument de territorialisation de l’autorité à différentes échelles 86 . Tandis que la<br />

pratique d’Henri II apparaît alors encore ancrée dans une conception du lieu, le locus du<br />

saint, dont la mise en réseau est susceptible de faire advenir le territoire 87 , celle de<br />

Richard est désormais pensée à partir d’un centre comme pôle sacralisé structurant<br />

l’espace de manière globale.<br />

La multiplication des références mémorielles et historiques pour ancrer l’autorité<br />

et la légitimité royale et impériale des Plantagenêt va se prolonger tout au long du<br />

Moyen Âge, contribuant à former une « image brouillée » de la monarchie anglaise 88 .<br />

L’impuissance des rois d’Angleterre à coordonner ces multiples références et à les<br />

intégrer dans un ensemble cohérent explique la difficulté qu’ils ont eu à « donner de<br />

leur lignage, de leur couronne et de leur pays une image forte, spécifique et clairement<br />

identifiable ». C’est seulement à partir de la promotion du culte de saint Georges,<br />

structuré par la constitution de l’ordre la Jarretière, que les rois anglais parviennent à<br />

surmonter les contradictions historiques qu’avait provoquées la diversité des cultes<br />

royaux 89 .<br />

86<br />

IOGNA-PRAT, D., La maison Dieu, 2006, p. 169-172.<br />

87<br />

Ibid., p. 309-312.<br />

88<br />

GENET, J.-P., « La monarchie anglaise: une image brouillée », dans Représentation, pouvoir et royauté<br />

à la fin du Moyen Âge, 1995, p. 93-107<br />

89<br />

Ibid. ; MCCLENDON, M. C., « A Moveable Feast : Saint George's Day Celebrations and Religious<br />

Change in Early Modern England », J.B.S., 38 (1999), p. 1-27. C’est seulement en 1415, l’année<br />

d’Azincourt que le jour de la fête de St Georges devient un grande fête nationale. COLLINS, Michael. "St<br />

Georges », Britannia, ; MARCUS, G. J., Saint George<br />

<strong>of</strong> England, 1929. Le culte de saint Georges était déjà populaire en Angleterre notamment depuis Richard<br />

cœur de Lion, qui plaça ses troupes, en 1191-92, sous la bannière de St Georges, donnant ainsi à<br />

l’Angleterre ce qui deviendra son étendard : la croix rouge du martyr sur fond blanc.<br />

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