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sur des auteurs latins qui occupent les premiers livres. Dans les livres IV, V et VI, il
adapte ensuite ces théories pour décrire la structure politique de l’empire Plantagenêt
selon un modèle organiciste dont il prévoit les dérives d’autonomie des membres et
donc de la démultiplication « polycratique » du pouvoir 184 . Il ne s’agit donc pas à
proprement parler d’un miroir au prince, mais bien de l’un des premiers traités de
théorie politique du Moyen Âge 185 . Malgré son manque de cohérence générale, la
théorie de la monarchie que Jean de Salisbury y développe permet d’envisager la
politique de Henri II, en matière de construction, à l’aune des concepts de Corona et de
res publica. Si Henri II connaissait ce traité rédigé vers 1159, dans quelle mesure
participa-t-il à l’intelligibilité qu’il avait de son empire ? Jean de Salisbury n’en restait
en effet pas moins un auteur critique, bien qu’admiratif de son mode de gouvernement,
d’Henri II et de sa cour.
Cet aperçu des sources narratives ne saurait constituer un tableau exhaustif des
matériaux disponibles pour cette étude 186 . D’autres récits, non évoqués ici, mais de
même nature, ont parfois fait l’objet d’une utilisation ponctuelle, parfois très limitée et
superficielle, destinée à enrichir l’analyse principalement effectuée à partir des comptes
des institutions anglo-normande. La possibilité d’une telle approche peut s’expliquer par
la caractéristique commune que possèdent ces sources : tous les manuscrits ont déjà fait
l’objet d’une édition voire d’une réédition depuis le début du XIX e siècle. La précocité
de ces documents, leur importance pour l’étude des institutions et du pouvoir ainsi que
l’efficacité de l’activité éditoriale anglaise – en particulier de la Pipe Roll Society et des
Rerum britannicarum medii aevi scriptores – et dans une moindre mesure, des
archivistes français (Léopold Delisle, Henri Delaborde, entre autres), sont les
principales explications de cet état de fait. En outre, l’efficacité de l’édition anglaise
n’est pas confinée au traitement des textes : les recherches sur les monuments
britanniques ont également donné d’importants résultats et notamment en matière
d’inventaire.
commoda, oeconomica, omnium ss. patrum, doctorum scriptorumque ecclesiasticorum, 1844-1865,
CLXXXIX, col. 0379-0822D (accessible en ligne).
184
SASSIER, Y., Royauté et idéologie au Moyen Âge : Bas-Empire, monde franc, France : IVe-XIIe
siècles, 2002, p. 267-69.
185
BARRAU, J., « Ceci n’est pas un miroir, ou le Policraticus de Jean de Salisbury », dans Le Prince au
miroir de la littérature politique : de l'Antiquité aux Lumières, 2007.
186
Je renvoie notamment aux chapitres II et III de CHAUOU, A., L'idéologie Plantagenêt : royauté
arthurienne et monarchie politique dans l'espace Plantagenêt, XIIe-XIIIe siècles, 2001 pour un meilleur
aperçu.
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