Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

soustraire à la domination du roi d’Angleterre son héritage, puis fortifie ses châteaux 394 .
À l’automne 1177, au mépris des concertations menées entre son fils Henri le jeune
qu’il avait envoyé résoudre l’affaire et Louis VII, Henri II réunit une armée et assiège
Châteauroux. Alors qu’il se dirigeait vers La Châtre, où se trouvait retenue Denise, ses
ravisseurs acceptent de la remettre au roi pratiquement sans combat. Henri II entre alors
en possession des châteaux de la seigneurie de Déols, dans lesquels il place des
châtelains royaux 395 . Cette nouvelle position donne à Henri II de nouvelles
responsabilités dans la région. Il prend ainsi sous sa garde Eude III d’Issoudun, mais
renonce à s’emparer d’Issoudun qui était entre les mains de son parent le duc de
Bourgogne, dont l’aide était précieuse pour maîtriser le Limousin 396 . En revanche, des
négociations avec les chanoines de Bourges lui permettent d’acquérir pour £ a 100 par an,
la seigneurie directe sur d’autres châteaux du fief de Denise (sans doute Saint-Chartier),
qui appartenaient à des ancêtres tenanciers de la cathédrale de Bourges 397 . L’importance
de l’héritage sur lequel Henri II mettait la main n’était pas uniquement stratégique
comme le souligne Robert de Torigni, qui se fait l’écho de propos selon lesquels les
revenus de la principauté de Déols étaient équivalents à que ceux de toutes la
Normandie 398 . Il permettait également à Henri II d’insérer cette marche au sein de
l’empire en la confiant à un aristocrate anglo-normand, Baldwin de Redvers, qu’il marie
à Denise de Déols. Aux alentours du 11 novembre 1177, Henri II et Louis VII se
394 PETERBOROUGH, I, p.127: parentes ipsius rapuerunt et eam tradere noluerunt regi Angliae ad
ciujus dominationem ipsa cum tota haereditate sua pertinebat : sed castella et munitiones patriae
muniverunt.
395 Châteauroux, Levroux, Le Châtelet, Saint-Chartier, Cluis, Meillant à l’est du Cher et peut-être aussi à
La Châtre, Châteaumeillant, Argenton, Boussac, bien qu’ils relevaient de l’héritage d’Eudes de
Châteaumeillant. Ces châteaux avaient été acquis par Raoul VI et ses prédécesseurs. BOUSSARD, J., Le
gouvernement d'Henri II Plantagenêt, 1956, p. 130-131 ; DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au
milieu du XIIIe, 1973.
396 TORIGNI, II, p. 69 : Isoldunense etiam castrum, cum omnibus pertinentiis suis, qui Odo, dominus
ejusdem castri nuper decesserat et parvulum filium reliquerat, et ad comitatum Andegavensem
pertinebat, barones, qui illus custodiebant, optulerunt ei : quod noluit recipere, quia non habebat
heredem, quem dux Burgundiae quia cognatus ejus erat, furtim abstulerat.
397 VINCENT, N., « William Marshal, King Henry II and the honour of Châtearoux », Archives, the
journal of the British record association, XXV: 102 (2000), p. 1-15, cite Recueil des actes d’Henri II , II,
n°538 ; HUBERT, E., Cartulaire des seigneurs de Chateauroux 917-1789, 1931, p. 44, pièce 4. : Sciatis
me dedisse canonicis Bituric’ Centum libras andegavensis monete pro tutela et custodia deudi quod
Radulphus de Dolis tenebat de eis apud Sanctu Quarterium habenda et tenenda donec filia predicit
Radulphi maritat sit… voir aussi CHAUDRU DE RAYNAL, L. H., Histoire du Berry depuis les temps
les plus anciens jusqu'en 1789, 1847, II, p. 550.
398 TORIGNI, II, p. 69 : Rex Henricus perrixit in Bituricensem pagum et accepit in manu sua Castrum
Radulfi de Dolis qui erat de feudo ejus et filiam unicam domini ejusdem castri, cum tota hereditate ipsius,
quam dicunt quidam tantum valere quantum valet redditus totius Normanniae.
401