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dont il convainc certains de rentrer avec lui en Angleterre. De là, où il doit faire face à la
révolte des barons anglais, il envoie de nombreuses lettres pour que ses fortifications
soient entretenues sur le continent, comme à Limoges où il fait réparer les remparts qui
s’étaient effondrés en 1203 et dont il avait sans doute pu constater l’état de délabrement
lors de son passage en avril 1214 450 . Son court passage en Gascogne, où se déroulait la
croisade contre les Albigeois, ne fait sans doute qu’entériner la prise de Marmande,
tombée en 1212 aux mains de Simon de Montfort 451 .
Si les pertes territoriales en Aquitaine peuvent être largement attribuées à l’échec
de la territorialisation du pouvoir des Plantagenêt, cette cause ne peut être considérée
comme primordiale. La faible territorialisation renseigne en effet plutôt sur la manière
dont ces marches se sont désintégrées progressivement contrairement aux frontières de
la Normandie et de l’Anjou qui ont été saisies, par une conquête progressant pas à pas et
en annexant conjointement un territoire fortement structuré et délimité en même temps
que ses fidélités.
3.3- Conclusion du chapitre
Que peut-on conclure sur les frontières de l’empire des Plantagenêt ? Tout
d’abord qu’il s’agit d’espaces dont la diversité et l’hétérogénéité offrent un bon reflet de
la maîtrise que les Plantagenêt avaient du territoire qu’elles délimitaient (voir carte
4.21). La militarisation des territoires frontaliers en Angleterre ou en Normandie
contraste avec les vastes zones méridionales où l’intervention de l’autorité princière ne
se matérialise pas avec autant de force dans le paysage et dans le territoire qu’elle
prétend dominer. Au delà des méthodes utilisées – constructions, fondations,
confiscations et destructions – qui se retrouvent d’un bout à l’autre de l’empire,
l’organisation territoriale et l’investissement dans la fixation des frontières n’ont pas
partout été les mêmes, selon les ressources dont ils disposaient, mais aussi et surtout
selon les relations qu’ils entretenaient avec leurs voisins. Les conflits apparaissent à ce
titre comme des moteurs des processus de territorialisation. Ainsi, les espaces les moins
450 Rot. Lit. Pat., p. 134. Dilectis sui capitulo sancti Stephani et priori et conventui Sancti Andrei et
Abbatisse Sancte Marie etc. Mandamus vobis quod auxilium faciatis civibus nostris Limovicensis ad
civitatem nostram Limovicam firmandam et claudendam sicut debetis et facere consuevistis [temporibus]
patris et fratris nostri. Ita ut vobis inde teneamur ad gratas. T. me ipso apud Novum Templum Londonie
xxi die Aprilis ; Chroniques de Saint-Martial de Limoges, DUPLÈS-AGIER, Henri (éd.), p. 68 :
corrunerunt muri castri Lemovicensis fere C. cubiti.
451 GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth Century, 1994,
p. 78.
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