Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Jean de Bosco comme connétable 126 . Puis, les sommes investies dans les travaux de
Moulineaux et Orival suggèrent que les chantiers de ces deux forteresses, qui ne
devaient pas être totalement terminés en 1199, sont poursuivis par Jean afin de retenir
l’avancée des armées capétiennes qui approchaient désormais dangereusement Rouen.
Près de £ a 400 apparaissent en effet dans les lettres que Jean adresse à Geoffroy Luterell,
l’homme en charge des travaux et de l’intendance des châteaux 127 . Finalement, Jean doit
se résoudre à faire renforcer les enceintes même de Rouen, en autorisant les Rouennais
à prendre du bois dans ses domaines (voir chapitre 3) 128 .
Au sud du duché, Jean tente de renforcer ses appuis dans les marges. Il envoie
notamment £ a 20 à Guheres de Chennebrun pour qu’il fortifie son château face au roi de
France 129 . En 1202, la fortification de Falaise suggère que Jean se doutait que cette
place, pourtant loin des frontières capétiennes, serait l’une des cibles du roi de France,
dont les troupes étaient à Évreux depuis 1200 130 . Les lettres ne permettent pas de suivre
en détail la comptabilité de ces travaux, car elles ne donnent pas systématiquement les
sommes allouées aux agents du roi, en particulier lorsqu’elles invitent l’agent à venir
déduire les dépenses de sa ferme à la prochaine session de l’Échiquier (et computabitur
vobis ad scaccarium). Malgré cette campagne de fortification, sans doute trop erratique,
Jean ne parvient pas à conserver la Normandie. À la fin de l’année 1204, devant
l’absence de réaction du roi d’Angleterre face au siège de Rouen, la ville finit par ouvrir
ses portes au roi de France, donnant comme un signal à toutes les autres villes de
Normandie 131 .
Si la « perte » de la Normandie en 1204 constitue le véritable tournant et la fin
de l’empire Plantagenêt, malgré la permanence de leurs possessions en Poitou jusqu’en
1206 et en Gascogne jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans, c’est non seulement parce
qu’il s’agissait d’un territoire central dans le fonctionnement de l’empire,
126
Ibid., p.74 ; Rot. Lit. Pat., p. 20: preposito et probes hominibus de Torenny etc. Sciatis quod
commissimus dilecto notro Johann’ de Bosco castrum de Torenny custodiendam. Et ideo vobis mandamus
quod ei tanquam constabulario nostro sitis intendentes.
127
Ibid., p. 46, 53, 55, 58, 82, 88.
128
Rot. Lit. Pat., p. 10.
129
Ibid., p. 52.
130
Ibid., p.68 : Baronibus de Scaccario Cadomo. Sciatis quod Ernis de Maudos reddidit camerario nostro
Huberto de Burgo XXIIII librarum andeg’ apud Faleisia ad operactiones castri nostri de Faleisia de
debito xlviii li. andeg’ quas debebunt Benlivenge et Jacobi Judetis et illo mandamus quod ispum de debito
illo quietum inrotulari faciatis. Teste ipso apud Alencon xv die januarie per Huberto de Burgo et P. de
Stoke.
131
POWICKE, M., The Loss of Normandy : 1189-1204 : Studies in the History of the Angevin Empire,
1963; POWER, D. J., « Les derniers ans du régime angevin en Normandie », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 163-192; POWER, D. J., « L'établissement du régime
capétien en Normandie », dans 1204: La Normandie entre Plantagenêts et Capétiens, 2007, p. 319-343.
348