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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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fondement de la légitimité du pouvoir de Jean en Aquitaine 419 . Pourtant en prenant le<br />

titre de roi d’Angleterre, duc de Normandie et d’Aquitaine lors de son couronnement le<br />

27 mai, Jean faisait symboliquement de l’Aquitaine un espace intégré à l’héritage<br />

impérial. Mais l’hommage rendu en juillet montre que la conception de l’empire comme<br />

un ensemble dont il pouvait hériter en entier était encore trop fragile pour se passer des<br />

formes de successions féodales, et en particulier vis-à-vis du roi de France.<br />

3.4- Conclusion du chapitre<br />

En tant que structures fondamentales de l’organisation spatiale de la société<br />

féodale, les châteaux et les monastères constituaient les pôles autour desquels se nouait<br />

l’essentiel des relations de pouvoirs. Si la prise de possession des châteaux et des<br />

monastères visait initialement à renforcer les fidélités autour de la personne royale, cette<br />

dernière avait également, en cas d’insoumission, la capacité juridique et la force<br />

physique de supprimer l’assise territoriale de ces fidélités. Le contrôle de la plupart de<br />

ces lieux par la mainmise sur leurs constructions fut donc possible grâce à un dispositif<br />

juridique qui permit l’émergence d’une territorialité du pouvoir royal. La topographie<br />

du pouvoir des Plantagenêt témoigne ainsi de la transformation de l’échelle des<br />

territoires politiques et la mise en place d’un ordre « impérial ». La politique de<br />

confiscations et de destructions menée par les Plantagenêt constitua en ce sens un<br />

tournant dans l’équilibre des pouvoirs entre royauté et aristocraties tels qu’il s’était mis<br />

en place depuis la fin de l’empire carolingien. Ce tournant est marqué par un<br />

renforcement du pouvoir monarchique, c'est-à-dire par l’accroissement de la capacité du<br />

roi à agir institutionnellement, en mobilisant des ressources juridiques pour étendre le<br />

champ de sa potestas. Cet essor du pouvoir monarchique se heurta non seulement à la<br />

résistance des seigneurs qui avaient un pouvoir territorial fortement ancré, comme les<br />

comtes d’Angoulême et du Limousin, mais aussi à l’institution dont les prétentions<br />

territoriales n’avaient cessé de croître depuis un siècle : l’Église. Dans un premier<br />

temps, l’Église et la royauté trouvèrent l’un dans l’autre un support réciproque pour<br />

réduire les pouvoirs châtelains. La réforme grégorienne portait en effet le projet d’une<br />

séparation de l’espace clérical et laïc et d’une spatialisation des espaces sacrés qui<br />

constituait un obstacle aux revendications territoriales du pouvoir des laïcs. À la fin du<br />

XII e siècle, cependant, les crises autour des élections épiscopales traduisent l’émergence<br />

419 HOLT, J. C., « Aliénor d’Aquitaine, Jean sans terre et la succession de 1199 », dans Y a-t-il une<br />

civilisation du monde Plantagenêt ?, 1986, p. 95-100 ; Foedera, I, 1, p. 77.<br />

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