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de la dignitas regalis et de la majesté royale. À ce titre, Martin Aurell a raison de dire
que les Plantagenêt incarnent « une monarchie de transition » 135 .
Alors qu’Henri II faisait encore appel à la sacralité de l’Église et ses saints pour
asseoir l’autorité de son pouvoir, à partir du règne de Richard se met en place une
véritable idéologie royale, mettant en avant la sacralité propre du pouvoir royal. Celle-ci
se traduit par une distanciation croissante entre le roi et son aristocratie 136 . En
introduisant des cérémonies de cour répétées et protocolaires, mais également en
considérant le corps physique du roi comme une véritable relique (voir supra), Richard
et Jean introduisent dans la pratique du gouvernement les conceptions théoriques de la
majesté et de la souveraineté que les débats liés à la querelle des investitures avaient,
d’une certaine manière, contribué à banaliser. Quels ont donc été les lieux dans lesquels
s’est manifestée la majesté royale et y a-t-il eu un espace spécifique de la mise en scène
royale ?
Les cours solennelles sous Henri II et l’affirmation du principe héréditaire de
gouvernement
Depuis Guillaume le Conquérant, les cours solennelles étaient fixées selon un
calendrier défini, inspiré de traditions antérieures : Noël à Gloucester, Pâques à
Winchester et Pentecôte à Westminster 137 . Mais la guerre civile brise la continuité de
cette tradition ; les assemblées royales étant de plus en plus dépeuplées, elles perdent de
leur pompe et les contraintes trop importantes qu’elles imposent aboutissent à leur
abandon 138 . Henri II organise cependant, quelques cours solennelles notamment après la
contestation de son autorité lors de la grande révolte de 1173-1174. Ainsi en 1177,
Robert de Torigni raconte que
Le roi Henri le vieux tint sa cour à la Nativité à Angers, et ses fils se
trouvaient là avec lui : le jeune roi Henri, Richard duc d’Aquitaine et
Geoffroy duc de Bretagne, et il y avait presque autant de chevaliers
135
AURELL, M. (éd.), La cour Plantagenêt, 1154-1204. Actes du colloque tenu à Thouars du 30 avril au
2 mai 1999, 2000, p. 42.
136
C’est l’objet de la thèse de BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début XIIIe
siècles). De l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de
Martin Aurell, 2005, non publiée.
137
BIDDLE, M., « Seasonal festivals and residence: Winchester, Westminster and Gloucester in the tenth
to twelfth centuries », dans A.N.S., 1986, p. 51-72.
138
DICETO, I, p. 302: Nec ulterius coronatus est voventes Deo, quod numquam in vita sua de caetero
coronerentur.
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