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Trois espaces littoraux de l’exportation du plomb peuvent alors être dégagés de
ces itinéraires (voir carte 6.34). Ils sont polarisés, d’une part, par les ports de Newcastle
et Yarm d’où embarquait le plomb des mines du Northumberland (Tyndales et
Derwent), tandis que l’Humber, d’autre part, drainait à la fois les chargements en
provenance des Yorkshire dales par l’Ourse et ses affluents, et du Peak District par la
Trent. Enfin, il faut souligner le rôle de Boston (Saint-Botolph), à l’embouchure de la
Witham, dont « l’arrière pays » était élargi grâce au Foss Dyke, canal creusé par les
Romains, et dont la réouverture et sans doute l’agrandissement avaient été effectués par
Henri I er en 1121 (voir chapitre 3) 532 . L’utilisation régulière du Foss Dyke comme canal
de navigation est suggérée par plusieurs entrées des pipe rolls comme celle de 1167 où
£8 13s. 4d. de plomb à destination de Caen partent de Torksey, et en 1180, où £14 13s.
6d. sont nécessaires pour conduire du plomb de Peak à Boston puis jusqu’à Londres par
navire 533 .
Parce qu’il était encore un matériau rare, surtout en quantités suffisantes pour
couvrir les besoins des vastes constructions monastiques de l’âge roman, le plomb
constituait un objet d’échange privilégié. Les conditions de la production de plomb
argentifère en Angleterre, en permettant son exploitation intensive, ont mis à disposition
des quantités considérables dont Henri II a parfaitement su tirer parti pour ses propres
demeures ainsi que pour mener sa réconciliation avec l’Église, après le meurtre et la
canonisation de Thomas Becket. Ce n’est en effet qu’à partir de 1180, dix ans après le
meurtre de l’archevêque, qu’Henri II accomplit d’importantes donations de plomb pour
les monastères de Waltham, Amesbury, Grandmont et Clairvaux. Alors qu’il est en
possession des principaux centres miniers du royaume, il lance une vaste réforme
monétaire : les excédents en plomb issus de l’extraction de l’argent sont alors distribués
aux établissements religieux étroitement liés à la pénitence royale. Le patronage et les
dons de plomb effectués par Henri II ne seraient donc que la contrepartie de sa politique
monétaire, fondée sur la production d’argent destinée à alimenter les changes royaux et
à frapper d’une nouvelle monnaie. En trouvant des débouchés aux quantités de plomb
issues de cette production, Henri II évitait l’effondrement de son marché tout en
renforçant l’économie symbolique de ses relations avec l’Église. Si cette mainmise sur
532 BARLEY, M. W., « Lincolnshire rivers in the Middle Ages », Lincolnshire Architectural and
Archaeological Society Reports and Papers, 1 new ser.: 1 (1938), p. 1-21, p. 1-21.
533 PR 13 H.II, p. 40; PR 26 H.II, 137. carragio eiusdem plumbi a Pecco usque Sanctum Botulphum et
eodem plumbo ducendo inde navigo usque Londonie.
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