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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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d’argent et qu’il envoie à Saint-Méen. Les motifs du moine Martin étaient pourtant<br />

louables, puisqu’ils visaient à renforcer l’autorité de Ge<strong>of</strong>froy en Bretagne, en<br />

l’associant aux reliques bretonnes afin de provoquer le ralliement des barons 41 . Selon<br />

Edina Bozoky, dans les mentalités de l’époque, le transfert des reliques signifiait le<br />

transfert du pouvoir de l’Angleterre (Cornouailles) vers la Bretagne 42 . L’intervention<br />

d’Henri II dans l’affaire des reliques de saint Pétroc visait donc à réaffirmer son autorité<br />

impériale dans les affaires internes de l’Église bretonne aux dépens de l’autorité comtale<br />

de son fils 43 . Ge<strong>of</strong>froy était encore à cette sous la tutelle de son père : il ne devient<br />

<strong>of</strong>ficiellement duc qu’en 1181, lorsqu’il épouse Constance de Bretagne. Avant cette<br />

date, l’effort pour garantir une cohérence à l’empire impliquait de contrôler la sacralité<br />

ducale en Bretagne et par conséquent le pouvoir symbolique de ses reliques.<br />

Les tentatives d’ancrage des Plantagenêt en Limousin, une province qu’ils<br />

dominaient mal mais qui était un nœud essentiel dans la composition de leur empire ont<br />

été multiples. La construction d’une « centralité » limousine, quoique contestée,<br />

apparaît en effet comme un projet poursuivi à la fois par Henri II et Richard, et le<br />

monastère de Grandmont apparaît alors comme l’instrument de cette politique. En 1170,<br />

alors qu’il croit qu’il va mourir, Henri II rédige un testament dans lequel il émet le vœu<br />

d’être enseveli dans l’abbaye des bonhommes de Grandmont, aux pieds du fondateur<br />

Étienne de Muret ; une décision que son entourage conteste immédiatement, considérant<br />

qu’elle allait contra dignitatem regni sui 44 . En choisissant Grandmont comme<br />

nécropole, Henri II manifestait certes les dispositions particulières de sa piété,<br />

largement influencée par les pratiques de sa mère Mathilde l’Emperess qui avait elle-<br />

même fait d’importantes donations à l’abbaye 45 ; mais ne cherchait-il pas aussi à utiliser<br />

la dimension politique de son corps pour intégrer le Limousin à son empire en lui<br />

accordant une place centrale ?<br />

41 JANKULAK, K., The Medieval Cult <strong>of</strong> St Petroc, 2000, p. 194-95.<br />

42 BOZOKY, E., « Le culte des saints et des reliques dans la politique des premiers rois Plantagenêt »,<br />

dans La cour Plantagenêt, 1154-1204, 2000, p. 227-291.<br />

43 JANKULAK, K., The medieval cult <strong>of</strong> St Petroc, 2000, p. 187.<br />

44 PETERBOROUGH I, 7 : Et postea praecepit episcopis et comitibus et baronibus qui ei in illa<br />

infirmitate assidebant quod si illam non evasisset infirmitatem, corpus suum deferrent ad sepeliendum<br />

apud Grandem Montem, qui parum distat a Sancto Leonardo. Et ipse ostendit eis quandam cartam, quam<br />

Boni homines de Grandi Monte ei fecerunt de corpore suo sepeliendo, in exitu capituli domus Grandi<br />

Montis, ad pedes magistri eiusdem domus qui ibidem sepultus est.<br />

45 HALLAM, E. M., « Henry II, Richard I and the order <strong>of</strong> Grandmont », J.M.H., 1: 2 (1975), p. 165-186;<br />

MARTIN, J. et WALKER, L. E. M., « At the feet <strong>of</strong> St Stephen Muret : Henri II and the order <strong>of</strong><br />

Grandmont revividus », J.M.H., 16 (1990), p. 1-12.<br />

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