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l’histoire du principe de reddibilité des châteaux depuis l’époque carolingienne, C.
Coulson montre qu’il a jusqu’à présent été associé de manière erronée à la question des
licences royales de fortification alors qu’il s’agit de deux actions légales distinctes. La
première mention de ce qui apparaît comme une licence royale se trouve dans l’édit de
Pîtres, promulgué en 864 par Charles le Chauve 12 :
Nous ordonnons expressément que toute personne ayant construit un
château, des fortifications ou des enclos sans notre permission les
fasse démolir avant le 1 er août 13 .
En 911, si le traité signé à Saint-Clair-sur-Epte, entre Charles III le Simple et le
chef normand, Rollon, apparaît comme un exemple de ces licences royales, à cette date,
la fonction d’une telle licence était moins de réguler l’essor des constructions que de
formaliser la reconnaissance de la souveraineté du carolingien 14 . En revanche, selon C.
Coulson, il est impossible de voir dans la clause 4 des Consuetudines et Justicie de 1091
qui établissent les coutumes du duché de Normandie, une quelconque « licence » royale,
mais plutôt une volonté de régulation des constructions liées à la guerre entre les trois
fils du Conquérant 15 .
Nul n’a le droit en Normandie de faire des fossés, en terre plane,
d’une profondeur plus grande que ce qui peut être creusé et enlevé
sans utiliser d’escabeau, et il n’est pas permis d’y faire une palissade
de plus d’une rangée avec des projections ou des parapets. Et nul ne
peut faire des fortifications sur une roche ou un île et nul ne peut en
Normandie édifier des châteaux et nul ne peut en Normandie refuser
de livrer les fortifications de son château au duc si celui-ci veut le
prendre pour lui 16
AUBENAS, R. J., « Les châteaux forts des X e et XI e siècles. Contribution à l'étude des origines de la
féodalité », Revue historique de droit français et étranger, 17 (1938), p. 548-586.
12
BROWN, R. A., English medieval castles, 1954, p. 8.
13
« Legum », dans Monumenta Germaniae Historiae, 1897 Capitularia regum Francorum, 2 : Capitularia
regum Franciae occidentalis, Capit. 2, Cap. 273, p. 328, l. 20 : Et volumus et expresse mandamus, ut,
quicumque istis temporibus castella et firmitates et haias sine nostro verbo fecerint, Kalendis Augusti
omnes tales firmitates disfactas habeant.
14
COULSON, C. A., Castles in Medieval Society. Fortresses in England, France, and Ireland in the
Central Middle Ages, 2003, p. 27.
15
COULSON, C. A., « Fortress-Policy in Capetian tradition and Angevin practice. Aspect of the
conquest of Normandy by Philip II », dans A.N.S., 1983, p. 13-38.
16
HASKINS, C. H., « The Norman 'Consuetudines et Iusticie' of William the Conqueror », E.H.R., 23: 91
(1908), p. 502-508, republié dans HASKINS, C. H., Norman institutions, 1918, Appendix D (p. 277-284):
clause 4 : Nulli licuit in Normannia fossatum facere in planam terram nisi tale quod de fundo potuisset
terram iactare superius sine scabello, et ibi non licuit facere palicium nisi in una regula et illud sine
propugnaculis et alatoriis. Et in rupe vel in insula nulli licuit facere fortitudinem et nulli licuit in
Normannia castellum faceter et nulli licuit in Normannia fortitudinem castelli sui vetare domino
Normannie si ipse eam in manu sua voluit habere
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