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ainsi sa suzeraineté au nord des Pyrénées 362 . Pourtant, l’espace méridional et notamment
la bordure littorale constituaient un espace de forte implantation du pouvoir ducal qui
relèvera de la Couronne d’Angleterre jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans.
3.1.2- Les confins auvergnats : abandon d’une marche éloignée
La politique des Plantagenêt en Auvergne est assez mal connue, parce que
souvent traitée à la marge et de manière isolée. Les frontières de cette région sont
d’ailleurs difficiles à tracer et souvent « faute de mieux », les tentatives de cartographie
reprennent les contours des diocèses alors que rien n’indique leur cohérence avec les
délimitations politiques du XII e siècle (carte 4.18). Cette difficulté provient d’une part
de leur grande fluidité, du fait de l’éloignement et de la rareté du pouvoir ducal et royal,
et d’autre part de la rareté des sources sur le pouvoir à cette date. Tandis que le Nord est
soumis depuis longtemps à la pression capétienne, et que l’Est se tourne vers l’Empire
et la Bourgogne où plusieurs alliances matrimoniales ont eut lieu au XII e siècle 363 , la
délimitation de frontière méridionale de l’Auvergne ne constitue un enjeu que dans le
cadre d’une politique de rapprochement avec les rois d’Aragon contre Raymond V de
Toulouse.
Selon Jacques Boussard, l’autorité d’Henri II ne s’exerçait que sur la partie de
l’Auvergne qui était soumise au comte, c’est-à-dire l’espace s’étendant d’Issoire et
Clermont à Riom et vers les terres qui jouxtaient le Limousin 364 . Montferrand apparaît
comme le point extrême des passages des Plantagenêt en Auvergne, ce qui laisse toute
la partie méridionale vide de leur pouvoir 365 . Il n’est donc pas étonnant de voir qu’en
1176, peu après la révolte de ses fils, Henri II cède au roi d’Aragon, qui gouverne la
Provence depuis 1166, la revendication de ses droits sur Millau, la vicomté de Carlat et
le Gévaudan, peu après qu’Alphonse d’Aragon les ait achetés au comte de Toulouse
pour 3000 marcs d’argent (ou 150 000 sous de Melgueil) 366 . Ces droits n’étaient
362
BOUTOULLE, F., « La Gascogne sous les premiers Plantagenêts (1152-1204) », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 285-318 note 144, p. 308 : en 1191, la dote de la fille de
Sanche IV comportait les châteaux de St Jean Pied de Port et de Roquebrune, qu’il tenait encore en 1198 ;
GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 306 cite BRUTAILS, J., Documents des archives de la Chambre
des comptes de Navarre, 1890.
363
FRAY, J. L., « Auvergne, Velay et Royaume d’Arles : éléments pour une révision de la géographie
relationnelle auvergnate au Moyen Âge », Siècles. Cahiers du centre d’histoire « espaces et cultures »,
15. marges et « marches médiévales » (2002), p. 75-87.
364
BOUSSARD, J., Le gouvernement d'Henri II Plantagenêt, 1956, p. 26.
365
Henri II s’y rend en avril 1168 et en hiver 1173. TORIGNI, I, pp. 363; II, p. 35; PETERBOROUGH,
I, p. 35; DICETO, I, p. 353.
366
PORÉE, C., Études historiques sur le Gévaudan, 1919, p. 201-202 ; p. 363.
394