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Ce système, qui permet à la Couronne de conserver, dans un premier temps, le
système de l’affermage, alors qu’une grande partie de l’aristocratie anglaise passe au
système du faire-valoir direct, s’avère cependant rapidement inefficace 52 . En 1204, Jean
décide donc de suivre la voie prise par la plupart de ses tenanciers et nomme des
gardiens (custodes) à la place des shérifs, chargés de rendre compte non seulement de la
ferme du comté mais également des profits supplémentaires 53 . Cette charge de gardien,
qui donnait aux shérifs les fonctions d’un bailli plutôt que celles d’un fermier, était
jusqu’à présent utilisée uniquement pour la gestion des escheats ou des vacances
épiscopales. En 1205, elle concerne désormais à douze comtés. Au cours des années
suivantes, ce système permet d’augmenter les revenus de la Couronne d’un tiers, mais il
est rapidement abandonné pour des raisons à la fois politiques et administratives 54 . Les
nombreuses et multiples fonctions du shérif rendaient en effet difficile une gestion
méticuleuse des domaines et les possibilités de vérifier son action étaient très limitées.
Le système de l’incrément et la tentative de passage à une administration en
faire-valoir direct ne permettent cependant pas de préserver les revenus de la Couronne
de l’inflation. Les Plantagenêt doivent donc trouver d’autres expédients financiers. Nick
Barratt souligne l’augmentation des revenus venant de la benevolentia ou de la gratia
regis à partir du règne de Richard, mais selon lui, ces revenus au montant fixé
arbitrairement sont, par la suite, « cyniquement » exploités par Jean, jusqu’à devenir un
véritable « racket » financier dont le but est également de tester la loyauté des barons 55 .
En 1171, quand Henri II peut obtenir 10 marcs pour la construction du château de
Nottingham des revenus d’une charte qu’Andrea fils de Picte réclamait pour bénéficier
de la paix du roi, Richard obtient 100 marcs, en 1191, pour émettre une charte en faveur
de Robert de Crèvecoeur, lui concédant le manoir de Renham. Il en tire £29 pour les
constructions de Douvres. L’année suivante, les constructions du château de Hastings
(£46 5s.) sont financées à partir de £1626 3s. 8d. que le roi a reçus contre l’émission
d’une charte pro benevolentia regis habenda, en faveur de l’abbé de Fécamp et en 1208,
52 HILTON, R. H., « Freedom and villeinage in England », Past & Present, 31 (1965), p. 3-19;
HARVEY, P. D. A., « The English inflation 1180-1220 », Past & Present, 61 (1973), p. 3-30 ; MILLER,
E., « England in the twelfth and thirteenth century: an economic contrast? », Economic History Review,
24 (1971), p. 1-14. L’idée que l’inflation serait la cause du passage au faire-valoir direct a été remise en
cause, si elle est un facteur, on ne peut cependant conclure qu’elle en constitue une conséquence directe.
LATIMER, P., « The English inflation of 1180-1220 Reconsidered », Past & Present, 171 (2001), p. 3-
29.
53 HARRIS, B. E., « King John and the Sheriff's Farms », E.H.R., 79: 312 (1964), p. 532-542.
54 Voir l’introduction de Patricia Barnes dans PR 16 Jean, p.xx-xxiii.
55 BARRATT, N., « The English revenues of Richard I », E.H.R., 116: 467 (2001), p. 635-656.
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