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eaucoup trop importante pour le roi d’Angleterre dont les revenus de l’Échiquier
s’élevaient à près 26 000 marcs cette même année 393 . En même temps, 6000 marcs
représentaient à peu près le coût des travaux effectués à la Tour de Londres entre 1154
et 1215, soit près de deux fois moins que le coût de Château Gaillard.
L’acte solennel de la vente est passé à Grandmont, en présence de l’archevêque
de Bordeaux qui donna à l’acte un caractère irréversible. Roger de Hoveden reproduit
cette charte dans sa Chronique qui n’exprime que les raisons officielles et les conditions
de la vente 394 . Les Plantagenêt restent maître du comté jusqu’en 1199, date à laquelle
Hugues IX de Lusignan s’en empare avec l’aide de Philippe Auguste. Selon Raoul de
Diceto, le patrimoine du comte de la Marche était composé d’une quantité de châteaux
bien fortifiés 395 et pour Bernadette Barrière les principaux appuis de cette seigneurie se
trouvaient au nord de Limoges, autour de Charroux qui en composait le cœur depuis le
X e siècle 396 . Le comté s’étendait ensuite vers l’est, comprenant entre autre Bellac, Le
Dorat, Ahun, Guéret et Chénerailles. Au nord, il semble que Crozant, disputé aux
vicomtes de Brosse, ait été inclus dans le comté en 1177, tandis que le château de
Bridiers, avait été confisqué puis rendus aux vicomtes de Brosse sans doute aux
alentours de 1168 397 . Le Dognon en marquait le point méridional le plus avancé 398 .
Dans une formule lapidaire de Robert de Torigni, cet événement est mis en
perspective avec la saisie de la principauté de Déols qui intervient la même année et la
reddition du château de Turenne, « château le mieux fortifié par l’art et la nature », par
le vicomte Raymond II de Turenne 399 . Ces trois événements marquent le retour du
pouvoir ducal dans ces régions, où l’éloignement et la rareté de ses manifestations
avaient favorisé l’émergence de fortes autonomies. Toutefois, si les Plantagenêt ont
affirmé ponctuellement leur pouvoir, ils ne parviennent pas à l’ancrer et à le faire durer :
aussitôt repartis, aussitôt contestés. La reconnaissance du comté de La Marche à Hugues
393 TORIGNI, II, p. 70. Totam etiam terram comitis de Marcha rex Henricus VI milibus marcis argenti
emit, valentem, ut idem rex dixit, viginti milia marcas argenti ; RAMSAY, J. H., A History of the
revenues of the Kings of England (1066-1399), 1925.
394 HOVEDEN, II, p. 147-148.
395 DICETO, I, p. 425 : patrimonium suum multis et firmissimis muntionibus insignitum Anglorum regi
distraxit.
396 BARRIÈRE, B., « Le comté de la Marche, une pièce originale de l’héritage Lusignan », dans Limousin
médiéval. Le temps des créations. Occupation du sol, monde laïc, espace cistercien. Recueil d’articles,
2006, p. 379-388.
397 GEOFFROY DE VIGEOIS, Chronique précédée d’une étude sur la chronique de Geoffroy, 1864,
p. 114.
398 REMY, C., « Le château des Lusignan à Crozant (Creuse) », dans Isabelle d'Angoulême, comtessereine
et son temps (1186-1246), 1999, p. 140-160.
399 TORIGNI, II, p. 69-70 : castrum etiam munitissimum et arte et natura Turonium, vicecomes eiusdem
castri reddidit ei.
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