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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Même si le témoignage d’un moine anglais est inévitablement marqué par sa<br />

culture d’origine, ne peut-on pas néanmoins y voir une tentative des Plantagenêt de faire<br />

reconnaître et d’imposer la reddibilité des châteaux comme principe fondamental de<br />

leur puissance publique en Aquitaine ? Si les coutumes du duché n’ignoraient pas la<br />

reddibilité des châteaux, celle-ci semble avoir été un principe plus théorique que<br />

pratique, avec de fortes variations régionales. Ainsi, André Debord, qui a montré la<br />

perte de contrôle ducal sur la construction castrale en Angoumois au cours du XI e siècle,<br />

a établi que trois quarts des châteaux construits dans la seconde moitié du XI e siècle le<br />

furent sans autorisation si bien qu’aux alentours de 1100, seulement 25% des châteaux<br />

étaient d’origine ducale 75 . C’est moins vrai au sud de la Dordogne, où Frédéric<br />

Boutoulle a montré que les châteaux ducaux et les châteaux « tenus » constituaient la<br />

grande majorité des fortifications dans un espace globalement peu marqué par la<br />

« castellisation » 76 . En Bigorre, par exemple, les fors témoignent de la persistance du<br />

principe de reddibilité au XII e siècle 77 . La résistance des Aquitains à l’application de ce<br />

principe explique que nombre de châteaux ont été l’objet de destruction de la part des<br />

Plantagenêt. Mais, si les confiscations visaient à accroître le contrôle royal sur l’espace,<br />

quel était l’intérêt des destructions ? Détruire un château ne saurait être considéré<br />

comme le simple résultat d’une campagne militaire, dans quelle mesure en effet la<br />

destruction constituait un véritable langage politique, manifestant la force et la capacité<br />

coercitive du prince ?<br />

1.2.2- Qu’est-ce que détruire ?<br />

Selon Charles Coulson, Henri II aurait fait détruire, entre 1174 et 1176, près de<br />

19 fortifications sur les 52 qu’il avait confisquées (dont 21 en Angleterre) 78 . En réalité<br />

une quantification précise est impossible et l’on doit se résoudre à des approximations.<br />

La principale difficulté tient non seulement à la mémoire des destructions mais aussi à<br />

ce que « détruire » pouvait signifier sous la plume des observateurs du XII e siècle. Si,<br />

comme l’écrit Guillaume le Maréchal, nombre de châteaux détruits ne furent jamais<br />

obsedit Castelloneum supra Agiens, quod Arnaldus de Bovilla contra eum munierat, nec ei reddere<br />

voluit.<br />

75 DEBORD, A., La société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 144-150.<br />

76 BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au<br />

XIIe siècle, 2007, p. 111-113.<br />

77 Ibid., p. 113, cite CURSENTE, B. et RAVIER, X. (eds.), Le cartulaire de Bigorre, XIe-XIIIe siècle,<br />

2005.<br />

78 COULSON, C. A., Castles in Medieval Society. Fortresses in England, France, and Ireland in the<br />

Central Middle Ages, 2003, p. 141.<br />

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