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les fondations monastiques, le principe de refondation est souvent utilisé par Henri II,
selon différentes modalités. Dans un premier cas, comme à Bayeux, Henri II s’est
simplement contenté d’élargir la donation initiale de Guillaume le Conquérant en faveur
des lépreux de Saint-Nicolas de la Chesnaie 139 . Selon Damien Jeanne, il s’agit sans
doute d’un transfert de terre, dans les années 1170, permettant d’établir le regroupement
des malades, jusque là simplement situés dans le suburbium, dans une église sur la route
royale, sous la direction d’un prieur augustinien 140 . Selon Michel Béziers, la
construction d’une nouvelle l’église à la fin du XII e siècle peut être attribuée à
Henri II 141 . Dans d’autres cas, comme à Rouen, Caen et Argentan, le changement de
dédicace de l’église au moment de la refondation indique qu’il s’agissait de véritables
reconstructions.
La refondation la plus connue d’Henri II est sans doute celle du prieuré
augustinien de Saint-Jacques du Mont-aux-Malades. Établie entre 1106 et 1135, aux
abords de Rouen (à Mont Saint-Aignan), la communauté des lépreux est réinstallée dans
un nouveau prieuré dédié à saint Thomas Becket, dans la seconde moitié des années
1170. Proportionnellement, sur l’ensemble du règne d’Henri II, la plupart des
fondations hospitalières datent d’après 1173, et nombre d’entre elles sont dédiées à saint
Thomas Becket. Selon Raymonde Foreville, il y a en effet un lien direct entre la grande
révolte des années 1173-1174, la victoire du roi et les fondations en l’honneur de
Thomas Becket. S’il peut apparaître paradoxal qu’Henri II ait favorisé le culte du martyr
dont il portait la responsabilité, c’est qu’en réalité, son pèlerinage à Canterbury et sa
victoire militaire en 1173-74 ont été considérés comme la preuve manifeste que le roi
avait été pardonné et que le saint était désormais de son côté 142 . La refondation du
Mont-aux-Malades est ainsi justifiée par la victoire du roi et la levée du siège de
Rouen en 1174 ; c’est du moins ce qu’affirme l’abbé Le Mesle cité par Pierre-Laurent
139 Acta Plantagenet (1932H), Recueil des actes d’Henri II , I, p. 547 n° DCLXXXIX: Sciatis me
concessisse et dedisse et presenti carta confirmasse in perpetuam elemosinam xx. prebendas quas
Willelmus illustris rex Anglorum proavus meus stabiliuit de redditibus suis in ciuitate Baioc' confratribus
leprosis in monasterio sancti Nich(ola)i Baioc' sub religione viuentibus. … Concedimus etiam eis fundari
ecclesiam in via regia, liberam et quietam.
140 JEANNE, D., « Les léproseries du diocèse de Bayeux du XIe à la fin du XIVe siècle: essai d'inventaire
archéologique et architectural », dans Archéologie et architecture hospitalières de l'Antiquité tardive à
l'aube des Temps modernes, 2004, p. 325-389, cite Bibliothèque municipale de. Bayeux, ms 1 cartulaire
de Saint-Nicolas, p. 1. Conventui domus sancti nicholai Baiocensis ordinis beati Augustini.
141 BÉZIERS, M., Histoire sommaire de la ville de Bayeux. 1773, p. 133, un argument repris par
GRANT, L., « Le patronage architectural d'Henri II et de son entourage », C.C.M., 37 (1994), p. 73-84
142 DICETO, I, p. 384 ; ROGER DE WENDOVER, Liber qui dicitur Flores Historiarum, 1965 [1886-
89], I, p. 100 ; FOREVILLE, R., « Le culte de saint Thomas Becket en Normandie. Enquête sur les
sanctuaires anciennement placés sous le vocable du martyr de Canterbury », dans Thomas Becket, 1975,
p. 135-152
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