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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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apports sociaux aux dépens des liens de parentés charnelles et aux pr<strong>of</strong>its des liens de<br />

parentés spirituels souvent ancrées dans les communautés vicinales. Considérant ces<br />

processus, Michel Lauwers et Laurent Ripart se sont interrogé sur la dialectique entre le<br />

mouvement de spatialisation du sacré et la formation plus tardive (XII e -XIII e siècles)<br />

des territoires politiques. Dans quelle mesure en effet, le processus engagé par l’Église<br />

médiévale constitua-t-il un modèle pour l’organisation des institutions monarchiques de<br />

la Chrétienté médiévale ? Plus qu’un modèle, on pourrait également se demander dans<br />

quelle mesure l’essor des gouvernements monarchiques et la formation des royaumes<br />

ont été une réaction aux prétentions englobantes de l’Église grégorienne.<br />

Dans son ouvrage, Negotiating Space, Barbara Rosenwein montre comment le<br />

mouvement de la réforme de l’Église post-carolingienne, qui marqua un renforcement<br />

du pouvoir pontifical, était inextricablement mêlé à la question de la définition d’un<br />

territoire de l’Église, à la délimitation d’un « ban sacré », c'est-à-dire d’une aire de<br />

juridiction ecclésiastique marquée du sceau de l’immunité vis-à-vis du pouvoir royal et<br />

séculier 141 . Au-delà de l’immunité monastique, c’est l’affirmation d’une libertas<br />

ecclesiae vis-à-vis du contrôle féodal, qui constitua le véritable cœur de la réforme<br />

grégorienne. Une liberté qui impose la séparation non seulement sociale mais aussi<br />

spatiale des clercs et des laïcs. Dans une lettre qu’il adresse à Henri II, en mai 1166,<br />

l’archevêque de Canterbury alors en exil résume en ces termes les principes qui fondent<br />

précisément la liberté de l’Église contre les empiètements des laïcs :<br />

L’Église de Dieu est composée de deux ordres, le clergé et le peuple…<br />

Parmi le peuple, il y a les rois, les princes, les ducs, les comtes et les<br />

autres puissants qui accomplissent les affaires du siècle… Et parce<br />

qu’il est certain que les rois reçoivent leur pouvoir de l’Église, et que<br />

cette dernière tient le sien non d’eux mais du Christ, alors – si je peux<br />

parler sous votre bienveillance – vous n’avez pas le pouvoir de<br />

donner des ordres aux évêques, ni celui d’absoudre ni celui<br />

d’excommunier quiconque … ainsi que toutes les choses de cette sorte<br />

qui sont écrites dans vos coutumes dont vous dites qu’elles sont<br />

anciennes 142 .<br />

141<br />

ROSENWEIN, B. H., Negotiating Space. Power, Restraint and Privileges <strong>of</strong> Immunity in Early<br />

Medieval Europe, 1999, p. 6-7.<br />

142<br />

Materials for the History <strong>of</strong> Thomas Becket, archbishop <strong>of</strong> Canterbury (canonized by Pope Alexander<br />

III, A.D. 1173) Vol. V (Epistles, I.-CCXXVI.), 1965, p. 278-281: Ecclesia enim Dei in duobus constat<br />

ordinibus, clero et populo… In populo sunt reges, principes, duces comites et aliae potestaes qui<br />

saecularia habent tractare negotia … Et quia certum est reges potestatem suam accipere ab ecclesia non<br />

ipsam ab illis sed a Christo, ut sava pace vesta loquar, non habetis episcopos praecipere, absolvere<br />

aliquem vel excummunicare… et multa in hunc modum quae scripta sunt inter consuetudines vestras quas<br />

dicitis avitas. Les coutumes évoquées sont celles qu’Henri II a édictées dans les constitutiones de<br />

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