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solliciter le recours aux sciences sociales comme la sociologie ou l’anthropologie,<br />

semblent être restés à l’écart de l’émergence d’une anthropologie de l’espace et de son<br />

langage, alors qu’elle se manifeste clairement dans le champ de la géographie, de<br />

l’architecture et de l’urbanisme pour lesquels les conséquences théoriques de ce<br />

renouvellement méthodologique ont un impact immédiat sur les pratiques 248 .<br />

Chez les médiévistes, le renouvellement des études sur l’espace s’opère à la<br />

faveur de plusieurs tendances au cours des années 1980-90. Si l’intuition que le<br />

médiéviste devait, plus que tout autre historien, avoir un œil de géographe, existait déjà<br />

chez Jules Michelet qui voyait dans la dispersion des pouvoirs aux X e -XI e siècles le<br />

moment où « chaque point de l’espace devient indépendant », elle reste encore implicite<br />

chez Georges Duby, qui rappelle le rôle de son intuition du paysage à l’origine de sa<br />

vocation 249 . Plus récemment, le rôle d’Alain Guerreau dans l’explicitation du rôle de<br />

l’espace comme véritable clé de lecture permettant de comprendre l’ensemble des<br />

processus sociopolitiques à l’œuvre au cours de la période féodale a été central. Il est en<br />

effet le premier à tenter de poser les termes d’une redéfinition de l’espace médiéval et à<br />

entrevoir ses enjeux épistémologiques pour la connaissance de la période féodale. En<br />

1996, dans un article intitulé « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal<br />

européen », il propose une définition de l’espace féodal dont la valeur heuristique est<br />

rapidement reconnue et mise en œuvre par des historiens sensibles à la nécessité d’un<br />

renouvellement théorique de la discipline. Convaincu d’une pr<strong>of</strong>onde distance entre la<br />

conception moderne de l’espace et la conception féodale, Alain Guerreau affirme que<br />

« dans l’Europe féodale, l’espace n’était pas conçu comme continu et homogène, mais<br />

comme discontinu et hétérogène, en ce sens qu’il était à chaque endroit polarisé<br />

(certaines points étant valorisés, sacralisés, par rapport à d’autres perçus – à partir des<br />

premiers et en relation avec eux – comme négatifs). Une multitude de processus et de<br />

marqueurs sociaux était à l’œuvre pour singulariser chaque point et s’opposer à toute<br />

possibilité d’équivalence ou de permutation » 250 . Cette définition est posée comme le<br />

strict inverse de la définition donnée par Henri Poincaré de l’espace ordinaire : « 1- il<br />

248 SEGAUD, M., Anthropologie de l'espace : habiter, fonder, distribuer, transformer, 2007.<br />

249 BOUCHERON, P., « Représenter l'espace féodal : un défi à relever », Espaces Temps.<br />

Histoire/Géographie, 2. Les promesses du désordre, 68-69-70 (1998), p. 59-66 cite MICHELET, J.,<br />

Histoire de France, 1981 [1861], p.182-3 et RUSSO, D., « L’œuvre d’art et ses significations. Autour de<br />

la notion de paysage dans l'œuvre de Georges Duby », dans Georges Duby. L’écriture de l’histoire, 1996,<br />

p. 37-49, voir aussi LACOSTE, Y., « Entretien avec Georges Duby », Hérodote. Géographie historique,<br />

74/75 (1994), p. 7-13.<br />

250 GUERREAU, A., « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal européen », dans L'État ou le<br />

roi. Les fondations de la modernité monarchique en France, XIVe-XVIIe siècles, 1996, p. 85-101,<br />

notamment p. 87-88.<br />

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