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témoignent précisement les luttes entre papes et empereurs pour imposer leur définition<br />

de ce que signifie la détention d’un imperium.<br />

Face à la théorie de la translatio imperii, élaborée par les canonistes, qui donnait<br />

à l’imperium le sens d’un <strong>of</strong>fice que la « donation de Constantin » faisait relever<br />

exclusivement de l’autorité pontificale, les juristes impériaux proclament, lors de la<br />

diète de Roncaglia (1158), la juridiction universelle de l’empereur sans référence à la<br />

Chrétienté 334 . En tant que maître du monde (dominus mundi), l’empereur était<br />

désormais amené à exercer une domination territoriale. Cette redéfinition de la nature de<br />

l’empire, ancrée territorialement, s’accentua encore lorsque Frédéric Barberousse<br />

identifia l’Empire au Sacrum Romanum Imperium, dont le caractère désormais « sacré »<br />

visait à disputer les prétentions de l’Église. Cependant, cette conception qui limitait de<br />

fait l’Empire aux territoires gouvernés par le monarque allemand, tout en revendiquant<br />

une supériorité « impériale » sur les monarques européens, ne parvient pas à<br />

s’imposer 335 . L’émergence nouvelles acceptions sont en effet venues concurrencer ces<br />

deux conceptions rivales. La revendication concurrentielle d’un imperium entre Henri II<br />

et Louis VII est visible dès les années 1150. En 1155, Louis VII, qui revient d’un séjour<br />

en Espagne, émet une charte dans laquelle il affirme sa supériorité en adoptant le même<br />

titre impérial que venait de s’attribuer Alphonse VII de Castille. Selon Elisabeth R.<br />

Brown, cette titulature visait peut-être à rivaliser avec les prétentions affichées par<br />

Henri II qui dans une charte datée de 1152, peu après son mariage avec Aliénor se<br />

déclarait à la tête de « l’empire des Poitevins et des Angevins » 336 .<br />

Quelques années plus tard, en 1165, Étienne de Tournai, qui cherche à heurter<br />

les prétentions impériales pour détenir le monopole de la puissance légiférante, théorise<br />

ce qui n’était jusqu’alors des pratiques de langages et reconnaît aux rois la capacité à<br />

être empereurs en leurs royaumes. Le canoniste donne ainsi à l’imperium un sens qui le<br />

confond avec la notion de souveraineté 337 . La redéfinition « canonique » de l’imperium<br />

334<br />

MULDOON, J., Empire and order : the concept <strong>of</strong> empire, 800-1800, 1999, p. 40.<br />

335<br />

MONNET, P., « Le Saint Empire entre regnum et imperium », dans Les empire. Antiquité et Moyen<br />

Âge analyse comparée, 2008, p. 155-180.<br />

336<br />

BROWN, E. A. R., « Eleanor <strong>of</strong> Aquitaine reconsidered: the woman and her seasons », dans Eleanor<br />

<strong>of</strong> Aquitaine : lord and lady, 2002, p. 1-54 cite BNF MS lat. 5480 (copies du cartulaire de Fontevraud par<br />

Roger de Gaignières), p. 486: Anno ab Incarnatione domini M.C.L.II. Regnante Lodovico Rege<br />

francorum Gisleberto pictavorum Episcopo et Henrico pictavorum et andegavorum Imperium<br />

gubernante. Une charte que Léopold Delisle considère néanmoins comme « très curieuse », voir : Recueil<br />

des actes d’Henri II , I, p. 31-32, XXIV, (n°22) : Henrico Pictavorum et Andegavorum imperium<br />

gubernante.<br />

337<br />

KRYNEN, J., L'empire du roi. Idées et croyances politiques en France, XIIIe-XVe siècle, 1993, p.70-<br />

71, cite MOCHI, O. S., Fonti canonistiche dell'idea moderna dello Stato imperium spirituale, iurisdictio<br />

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