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d’une chronique latine à l’origine douteuse mais selon laquelle « le roi Henri et la reine
Aliénor agrandirent Poitiers et l’entourèrent de longs murs » 106 . Alfred Richard place
quant à lui la construction de cette enceinte vers 1161 en s’appuyant sur Robert de
Torigni 107 . Sous les enceintes reconstruites par Jean de Berry au XIV e siècle, les
archéologues ont en effet retrouvé des vestiges qui pourraient bien dater de la seconde
moitié du XII e siècle. Selon Philippe Durand, ils présentent certaines caractéristiques
castellologiques comme les tourelles hémicirculaires pleines et flanquées aux angles de
tours pleines qui se retrouvent dans les constructions militaires des Plantagenêt et
notamment à Loches 108 . Archéologiquement, il est cependant difficile de distinguer les
travaux des Plantagenêt de ceux que Philippe Auguste fait accomplir en 1206 109 . Selon
Robert Favreau, l’enceinte de 6,5 km, qui enserrait non seulement les bourgs mais
également une vaste zone à urbaniser, était antérieure à la révolte de 1173 (plan 3.9) 110 .
Ces travaux pourraient donc faire partie de la campagne de fortification qu’Henri II
entreprend dans les années 1160, c'est-à-dire dans les mêmes années qu’à Rouen. Selon
Robert Favreau, ces travaux se seraient accompagnés, comme à Rouen, de la rédaction
d’une charte de commune établissant les aides militaires, tandis que la charte d’Aliénor
de 1199 ne serait qu’une confirmation : « quelle que soit la date exacte de la création
d’une commune à Poitiers, il y a des liens évidents, et dont les conséquences n’ont pas
fini de se faire sentir, entre cette commune et l’enceinte qui constitue désormais une des
responsabilités majeures des bourgeois de Poitiers » 111 . Dans quelle mesure en effet
l’enceinte constituait-elle la première représentation matérielle dans l’espace urbain de
106 FAVREAU, R., La Ville de Poitiers à la fin du Moyen âge une capitale régionale [1], 1978, p. 50 cite
Chronicon comitum Pictaviae dans MARTENE, E. et DURAND, U., Veterum scriptorum et
monumentorum dogmaticorum moralium... amplissima collectio Studio et opera, 1724-1733, V, col.
1155 : rex Henrcius et Alienoris regina Pictavum auxerunt longoque muro circumdaverunt.
107 RICHARD, A., Histoire des comtes de Poitou. Tome 4, [1086-1137], 2004, p. 133. R. Favreau cite
aussi un auteur du XVI e siècle, Jean Bouchet, qui fixe la construction à 1162 et l’attribue au roi Henri.
FAVREAU, R., Histoire de Poitiers, 1985, p. 114.
108 DURAND, P., « Les fortifications de Poitiers : une étude et hypothèses de datation des éléments
subsistants », dans Les Fortifications dans les domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles, 2000, p. 31-75 ;
MESQUI, J., Châteaux et enceintes de la France médiévale : de la défense à la résidence. 1, Les organes
de la défense, 1991, p. 260, 272 ; MESQUI, J., « Les tours à archères dans le domaine Plantagenêt
français 1160-1205 », dans Les Fortifications dans les domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles, 2000,
p. 77-88
109 Guillaume le Breton raconte en effet que le roi de France « fit fortifier la ville de Poitiers et les autres
châteaux qu’il avait en Poitou » et Rigord donne la date de 1206 pour ces travaux. RHG, XVIII, p. 60 :
munivit urbem pictavim et alia castra quae ibi in pictavia habebat ; p. 80: civtatem pictavis munivit,
Laudunum et Mirabellum et alia que ibi habebat. Voir aussi RIGORD, Histoire de Philippe Auguste,
2006, p. 396-97 (3, 155).
110 FAVREAU, R., Histoire de Poitiers, 1985, p. 114.
111 FAVREAU, R., La Ville de Poitiers à la fin du Moyen âge une capitale régionale [1], 1978, p. 54.
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