Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

nation 262 , pour ensuite proposer de nouvelles définitions, étymologique (en tant
qu’espace de la cité sur lequel les magistrats étaient en droit d’exercer la terreur au nom
de l’intérêt public) 263 ou anthropologique (en tant qu’espace où se définissent des
communautés d’appartenance) 264 . L’apport principal de l’historiographie de ces
dernières années a ainsi été de montrer d’une part la pluralité des « territoires » et la
manière dont ceux-ci se superposaient et se chevauchaient de manière complexe,
recourant aux concepts et aux modèles géographiques de cospatialité ou des « lieux
centraux » 265 ; et d’autre part de proposer des modèles d’interprétation des processus
d’évolution des configurations spatiale 266 .
Si la construction de l’espace n’a pas toujours intéressé les historiens, les
archéologues, quant à eux, se sont emparés de ces questions à partir des années 1970,
avec l’essor de leur discipline. Partant des travaux de Pierre Toubert qui explore le
phénomène de l’incastellamento dans le Latium médiéval, Robert Fossier et Jean
Chapelot propose, en 1980, d’élargir géographiquement l’interprétation de ce
phénomène et forgent concept d’encellulement 267 . La proposition du paradigme de la
« naissance du village », qui est alors relativement bien accueilli par les historiens 268 , va
cependant cristalliser les premiers débats lorsque les archéologues le remettent en
question, notamment en proposant d’autres périodisations 269 . Le malentendu entre
archéologues et historiens apparaît alors principalement fondé sur la question des corpus
262 CURSENTE, B. et MOUSNIER, M., Les territoires du médiéviste, 2005, p. 9.
263 LAUWERS, M., Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval,
2005, p. 23.
264 MORSEL, J., « Appropriation communautaire du territoire ou appropriation territoriale de la
communauté ? », Hypothèses 2005. Travaux de l'Ecole doctorale de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2006),
p. 89-104.
265 DEVROEY, J. P. et LAUWERS, M., « L'"espace" des historiens médiévistes: quelques remarques en
guise de conclusion », dans Construction de l'espace au Moyen Âge: pratiques et représentations, 2007,
p. 435-453; CURSENTE, B., « Autour de Lézat: emboîtement, cospatialité, territoires (milieu Xe- milieu
XIIIe siècle », dans Les territoires du médiéviste, 2005, p. 151-167.
266 LAUWERS, M. et RIPART, L., « Représentation et gestion de l’espace dans l’Occident médiéval »,
dans Rome et la genèse de l’État moderne : une comparaison typologique, 2007, p. 115-171 voient
également un troisième champ de recherche : celui des représentations et de l’imaginaire, initié par les
travaux de Jacques Le Goff.
267 TOUBERT, P., Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du IXe siècle à
la fin du XIIe siècle, 1973 ; CHAPELOT, J. et FOSSIER, R., Le village et la maison au Moyen âge, 1980
268 Ibid.; GUERREAU, A., « Un tournant de l'historiographie médiévale », Annales. Histoire, Sciences
Sociales, 41:5 (1986), p. 1161-1176.
269 ZADORA-RIO, E., « Le village des historiens et le village des archéologues », dans Campagnes
médiévales: l'homme et son espace. Etudes offertes à Robert Fossier, 1995; BOURIN, M. et ZADORA-
RIO, E., « Pratiques de l'espace: les apports comparés des données textuelles et archéologiques », dans
Construction de l'espace au Moyen Âge: pratiques et représentations, 2007, p. 39-55; WATTEAUX, M.,
« A propos de la "naissance du village au Moyen Âge": la fin d'un paradigme? », Etudes rurales, 167-168
(2003), p. 307-318.
89