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La revendication de telles positions était le résultat de l’invasion menée par
Philippe Auguste en juin, au cours de laquelle, il assiégea Le Mans prenant sur son
passage Mondoubleau, Trôo, Les Roches, Montoire, Chartres, Château du Loire,
Amboise et Rochecorbon puis Tours 72 . Cependant, la mort d’Henri II peu après rétablit
le statu quo en Normandie : Richard cédait ses droits sur l’Auvergne et le Berry ainsi
que Gisors et le Vexin à Philippe Auguste. La fondation de Bonport en 1190 par
Richard peut être interprétée dans un tel contexte comme une volonté de pacification de
la vallée de la Seine, vraisemblablement envisagée par les deux monarques à cette date.
C’est en ce sens que Annick Gosse-Kischinewski propose d’analyser les raisons de la
fondation de cette abbaye, au-delà de la légende qui l’entoure 73 . L’abbaye cistercienne
aurait ainsi eu pour fonction de renforcer l’axe de circulation, « officialisant les relations
entre les deux royaumes ». Les premiers actes montrent en effet que si Richard concède
aux religieux des emplacements stratégiques le long du fleuve, à Maresdans dans la
forêt de Bord, il encourage également ses vassaux ainsi que ceux du roi de France à leur
concéder les franchises du passage sur leurs terres ainsi que la libre navigation 74 .
L’implantation des cisterciens à Bonport avait donc vraisemblablement pour fonction de
garantir la stabilité de la vallée de la Seine pendant l’absence des deux monarques, en
« ouvrant les frontières » entre les deux royaumes, mais aussi en assurant leur contrôle.
De fait, les conflits cessèrent jusqu’au retour de Philippe Auguste.
Dès le printemps 1193, cependant, le roi de France, profitant de la captivité de
Richard, mena une offensive pour repousser les frontières du duché. Gilbert de
Vascœuil, qui tenait les forteresses de Gisors et Néaufles pour le roi d’Angleterre, les
France et comes Ricardus tenebunt castellum de Gisortio et castellum de Pasci et castellum de
Nonancourt tamdiu, donec omnia fiunt quae divisa sunt superius per regem Franciae.
72 PETERBOROUGH, II, p. 68-69 : Inde recedens cepit Duplicem Montem per deditionem tam castri
quam domini… inde recedent redditum est castrum de Troe, cum Rupibus Episcopi, et Montorium et
Carceris castrum, et castrum de Leir, et castrum Calvi Montis et castrum Ambasiae et castrum de
Rupibus Carbonis.
73 GROSSE-KISCHINEWSKI, A., « La fondation de l'abbaye de Bonport », dans 1204: La Normandie
entre Plantagenêts et Capétiens, 2007, p. 61-74.
74 ANDRIEUX, J. (éd.), Cartulaire de l'abbaye royale de Notre-Dame de Bon-Port de l'ordre de Citeaux
au diocèse d'Evreux, 1862 : in foresta nostra de Borz sita est et fundata in loco qui prius dicebatur
Maresdans…. omnes res et possessiones sue et homines sui sint quieti de theloneo et pontagio et passagio
et tallagio et de carriagio et de modiatione vini et de omni alia consuetudine et exactione seculari
ubicunque venerint in nundinis et mercatibus et portubus maris et omnibus aliis locis potestatis nostre
tam per terram quam per aquam, et prohibemus ne quis eos super hoc disturbet super decem librarum
forisfacturam. (Tous leurs biens et possessions et tous leurs hommes sont quittes de thalonage, pontage,
passage, tallage, du transport du vin et de toutes les coutumes et les exactions des séculiers partout où ils
iront dans les marchés, les foires et les ports de mer et dans tous les autres lieux qui sont en notre pouvoir
tant sur terre que par mer, nous interdisons que quiconque les perturbe et sinon qu’il soit sanctionné de
dix livres).
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