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En 1189-90, la dîme de Saladin, lancée dans tout le royaume dès 1188 par<br />

Henri II, est alors collectée, mais ses recettes ne sont pas enregistrées à l’Échiquier 31 .<br />

Elles ont fait l’objet d’un compte à part, mais le compotus decimis de cette année<br />

n’ayant pas été conservé, les estimations des recettes de cette dîme ont fait l’objet de<br />

diverses spéculations. Selon Gervais de Canterbury, elles s’élèvent à £60 000<br />

auxquelles s’ajoute £70 000 empruntés aux juifs, mais pour Nick Barrat, cette somme<br />

est clairement exagérée 32 . Au regard des revenus réguliers de l’Échiquier, John H.<br />

Round suggérait une fourchette plutôt basse autour de £6000. Considérant cette<br />

estimation comme plus plausible, Nick Barrat propose donc d’analyser les autres<br />

sources de revenus qui auraient été directement versés au trésor royal cette année là.<br />

Selon lui, Richard et Jean ont montré une volonté sans relâche pour extraire un<br />

maximum d’argent des revenus provenant des sources traditionnelles de la Couronne,<br />

en particulier en jouant sur les frais de renouvellement des chartes et en imposant des<br />

droits exorbitants aux héritiers pour succéder à l’honneur paternel. Mais ces expédients<br />

financiers ne suffisent alors qu’à palier le manque à gagner des revenus fonciers.<br />

Le niveau des revenus de l’Échiquier de 1190 ne sera plus jamais atteint au<br />

cours la dernière décennie du siècle ; il faut attendre la fin du règne de Jean pour qu’ils<br />

retrouvent un niveau similaire. À partir de 1190, en effet, les revenus de l’Échiquier<br />

accusent une baisse importante et ce jusqu’en 1194. Au retour du roi, ils recommencent<br />

à augmenter après avoir été abondamment creusés par la rançon de Richard : la somme<br />

de 100 000 marcs avait été demandée pour la libération du roi retenu en captivité par<br />

Léopold d’Autriche 33 . La diminution des dépenses de construction en Angleterre<br />

s’explique en outre par le fait que l’essentiel de l’effort financier était concentré sur les<br />

marches de la Normandie. Il faut donc attendre le règne de Jean pour que les dépenses<br />

de construction augmentent à nouveau (le pic de 1210-1212 est lié à l’insertion des<br />

dépenses enregistrées sur l’Échiquier irlandais).<br />

En Normandie, les dépenses pour les constructions dépassent parfois la moitié<br />

du revenu, comme en 1198, où plus de 58% des revenus normands (qui incluent des<br />

transferts d’argent du trésor anglais) vont aux fortifications de la vallée de la Seine (voir<br />

infra). Le graphique 6.4 montre le caractère très exceptionnel de ces dépenses cette<br />

année là qui inclut la reddition des comptes pour les deux années 1197 et 1198. Les<br />

31 BARRATT, N., « The English revenues <strong>of</strong> Richard I », E.H.R., 116: 467 (2001), p. 635-656.<br />

32 GERVAIS DE CANTORBERY, The Historical Works, 1965 [1880], p. 422: Interea tota Anglia in<br />

dandis decimis gravissime vexata est, ut Christiani lxx milia librarum et eo amplius pecuniam darent<br />

Judaei vero lx milia.<br />

33 GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 235.<br />

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